It Might Get Loud
7.5
It Might Get Loud

Documentaire de Davis Guggenheim (2009)

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Autant vous prévenir, il s’agit sans doute du film que j’ai le plus vu et revu. Je n’arrive pas à regarder plusieurs fois le même film mais celui-ci, qui est par ailleurs un documentaire plus qu’un film, me passionne toujours autant même après la cinquième vision !


Le principe du documentaire est pourtant simple, prendre trois monstres de la guitare appartenant chacun à une époque différente du Rock et les faire se rencontrer avec leurs guitares et leurs matériels autour d’une table et du sujet suivant : « Votre approche de la guitare ? » Ce sujet est durant tout le film découpé en sous partie détaillant pour chacune un peu plus la personnalité de ces trois génies. Il semblerait d’ailleurs de bon ton de les présenter (chose que Guggenheim film à merveille dans les cinq premières minutes du film). Commençons par le plus ancien, Jimmy Page de Led Zeppelin né en 1944, puis The Edge, incontournable membre et architecte de la musique de U2 né en 1961 et Jack White né en 1975, membre fondateur des Raconteurs et des White Stripes ayant désormais une superbe carrière solo devant lui. (cf. BlunderBuss). Ce n’est pas anodin si j’annonce leurs dates de naissances, Guggenhiem met en relief l’évolution que le Rock a connue entre Page et Edge ainsi qu’entre Edge et White. Cette même évolution qui fait que l’on entend Jimmy Page s’extasier devant la distorsion, The Edge en avoir assez des solos de 30mn et Jack White vouloir oublier le surplus d’électronique dans le Rock.
La beauté de ce documentaire réside dans la multitude d’approche qu’il nous est donné d’avoir par rapport à ces trois hommes. En mêlant interview privée dans des lieux importants de leur carrière (The War House pour Edge, Headley Grange pour Page…), lives respectifs, image d’époque et la réunion dans le salon d’enregistrement, Davis Guggenheim expose nos oreilles à ce que la musique a fait de mieux sous toutes les coutures. Tous ces documents se mélangent mais c’est tour à tour qu’ils nous expliquent leur parcours, leurs guitares, leurs envies, le tout enrobé d’anecdotes de la plus anodine (comment John Bonham a obtenu par hasard son son de batterie sur « When The Leeve Breaks ») à la plus fondatrice (panneau sur lequel l’annonce de Larry Mullen Junior a été postée pour former le groupe que nous connaissons désormais sous le nom de U2).
Et même si The Edge semble tenir un peu plus de temps à l’écran, c’est avec une répartition somme toute égale que ces trois magiciens de la musique se découvrent. On a ainsi la surprise d’approcher l’enfance au milieu d’une fratrie de dix enfants de Jack White ainsi que son approche à reculons par rapport à la guitare et même par rapport à la musique en général. Etant sans doute le moins médiatique des trois, j’ai eu l’impression d’en apprendre plus sur J.White que sur les autres : ses débuts avec Meg White au sein des White Stripes, son gout prononcé pour le blues des années 30 et son amour pour la nouveauté, pour la créativité en lieu et place de l’innovation matérielle. Deux scènes prenantes résument relativement bien le personnage : l’écoute de sa chanson favorite de Son House « Grinnin’ In Your Face » et son dévouement total sur scène quitte à laisser sa guitare pleine de sang à la fin d’un concert. Passion, intégrité et originalité sont les trois maîtres mots pour le décrire, et ce fut pour ma part une surprise car tant dans l’introduction du film que par ouïs dire, j’avais un apriori négatif sur le personnage que je trouvais pédant voir suffisant. C’est donc avec plaisir que mon regard a totalement changé devant autant de qualité musicale et humaine.
S’il est bien une information qui m’a fait frissonner lors de ce visionnage, c’est d’apprendre que nous ne sommes pas passé loin de ne jamais connaitre Led Zeppelin avec Jimmy Page ! Habitué des tournés dans le froid et le ventre vide avec ses anciens groupes, il n’a pas été loin de raccrocher sa guitare pour se consacrer à une autre de ses passions : la peinture. C’est avec un sourire amusé que l’on écoute le très (très) jeune Page passer à la TV pour un petit morceau et c’est avec une admiration folle qu’on l’écoute (et regarde !) jouer, de nos jours, « Rumble On » dans son grenier aux multiples instruments.


Finalement, l’essence même du film se créer lorsque nous découvrons que nos idoles sont eux même guidés par leurs propres idoles ou morceaux fétiches. Ils en redeviennent humain, descendent du piédestal sur lequel nous les avions mis, pour y faire monter leurs idoles. C’est ainsi que nous voyons Jack White s’extasier devant un vinyle acapella, Edge se sentir vivant en voyant naitre le punk à Top Of The Pops avec The Jams, le plus heureux de tous semble encore être Jimmy Page et sa collection impressionnante de vinyles nous faisant partager un morceau mille fois trop simple pour ses doigts mais qu’il adore « Rumble » de Link Wray. C’est aussi ce sentiment qui prédomine dans ce qui restera ma scène préférée, elle se déroule lors de la réunion des trois guitaristes. Jimmy page glisse la sangle de sa Les Paul et entame le riff « Whole Lotta Love », The Edge se rapproche avec attention et un petit sourire au coin des lèvres de celui qui se délecte de pourvoir assister à cet événement. Jack White, déjà bien placé, ne peut que poser sa guitare, son visage se transforme en celui d’un enfant à qui l’on vient de donner le plus beau des cadeaux. Car s’il y a bien une légende dans toute la salle ce jour-là ; c’est bien Page, n’oublions pas que ses riffs ont bercé les oreilles des deux autres (et les notres !)
It Might Get Loud est un chef d’œuvre du genre qui plaira à ceux qui comme moi aime la musique mais aime aussi ceux qui la font vivre. Comment ne pas aimer des artistes qui, après des années de tournées, des millions cumulés, des albums vendus à la pelle, arrivent à s’extasier comme des enfants devant un simple riff ? C’est sans doute le but ultime que Guggenheim a réussi à atteindre : faire disparaitre l’icône pour faire apparaitre le passionné.

Frusciendrix
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le 4 mars 2013

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