Bloody baby blues

Faire un remake au film de bébé tueur réalisé par Larry Cohen en 1974 que le poids des années n'a pas épargné ? Pourquoi pas... Le faire avec une relecture se concentrant sur des thématiques plus contemporaines comme les sacrifices personnelles induits par une naissance, la dépression post-natale ou la puissance aveuglante de l'instinct maternelle par le prisme de l'horreur ? Mais oui, plutôt bien vu même !
Sauf que non, ce "It's Alive" version 2009 est une véritable catastrophe d'une vacuité abyssale où l'on en vient à se demander comme Larry Cohen a pu aposer son nom comme coauteur du scénario (lui-même l'a cependant renié par la suite).

Obligée d'abandonner ses études à cause de sa grossesse, Lenore part vivre avec son petit ami et son jeune frère handicapé. L'accouchement intervient bien plus tôt suite à une croissance accélérée du foetus et la jeune femme doit subir une césarienne à l'hôpital. Peu après, tous les médecins et infirmières sont retrouvés déchiquetés en petits morceaux aux quatre coins de la salle d'opération alors que la maman et son bébé dorment tranquillement sur la table...

Reprenant les grands lignes à la sauce moderne (comprenez aseptisée malgré quelques trop rares envolées sanglantes), le film se concentre bien sur l'état émotionnel de la mère ensuite de retour de chez elle avec son rejeton carnivore mais, une fois effleurées les thématiques précédemment citées (heureusement que Bijou Phillips est suffisamment bonne pour insuffler de la profondeur à son personnage, elle est bien la seule), le reste se résume simplement à empiler les cadavres alors que la faim insatiable du bébé atteint des proportions de plus en plus démentes.
Des petits animaux, un humain, puis deux et enfin toute la chair fraîche qui passe à sa portée, on suivra les différents casse-croûtes du petit monstre (en passant, comment peut-il digérer tout ça avec son mininiscule appareil digestif sans que personne ne lui fasse faire son rot ?) dans un cadre oubliant de créer la moindre tension dramatique et ce n'est pas une vague enquête d'un shérif habillé avec un uniforme de policier acheté dans une boutique de farces et attrapes ou un final d'une banalité affligeante qui remédieront à ce problème. Reprenant le principe de vue subjective du bébé pour ne pas le montrer alors qu'il se faufile absolument partout comme un gros rat dans le but de croquer tout ce qui bouge (à vrai dire, ce n'est pas la plus mauvaise idée vu la monstruosité cheap enfin dévoilée dans la dernière partie), "It's Alive" donne l'impression de durer le double de sa très courte durée (1h15) tout en devenant souvent très gênant par ses multiples incohérences (le personnage du père les accumule avec un aplomb qui force le respect : il ne s'occupe jamais de son bébé mais lorsque l'invraisemblable vérité sur les fringales de ce dernier devient inévitable, il l'accepte en un quart de seconde sans broncher)...

Le film de Josef Rusnak est probablement le parfait exemple de mauvais remake qui donnera raison à tous les détracteurs du procédé. Creux et d'un ennui insurmontable, "It's Alive" aurait dû rester un projet mort-né.