Ken Loach n’est jamais aussi bon que lorsqu’il s’attache à des sujets douloureux, bien ancré dans notre quotidien et le contemporain. Il en oublie presque son académisme, et donne le meilleur de son cinéma. « It ‘s a free world » en est un exemple. L’auteur semble y trouver une nouvelle jeunesse à l’instar de sa grande époque où il livrait « Looks and smiles » ou « Family life ». Cette évocation ici du nouvel esclavagisme, fruit d’un libéralisme forcené, est perçu à travers le prisme du personnage d’Angie. La démonstration sur la position de l’individu prêt à tout pour survivre en devient brillante. D’autant, qu’il ne porte aucun jugement et se contente de nous décrire son cheminement par un ensemble contrasté et souvent antagoniste de réactions et de décisions. C’est une volée de plomb à l’intention du spectateur qui immanquablement devient juge de ce qu’il voit, le pousse à poser la réflexion sur ce qu’il ferait lui-même en pareil cas. Angie, mi-ange, mi-démon se veut la symbolique de notre conscience. La malaise n’en est que plus palpable. Elle est incarnée par une actrice au charisme étonnant : Kierston Wareing, avec qui le cinéma devra désormais compter. Un grand et bon film pour Loach, ça faisait longtemps !