Itinéraire d'un enfant gâté par Alligator
Magnifique film de Lelouch. Beauté des images, avec des cadrages toujours aussi imaginés par Lelouch, une caméra inventive, ludique, maîtrisée et cherchant des angles, des couleurs, des mouvements, une caméra qui aime les acteurs, les colle, les épie, les carresse, les touche.
Une mise en scène tout aussi rafraichissante avec quelques scènes d'anthologie entre Anconina et Belmondo (notamment celle des bonjours).
Claquage d'applaudissements pour la bande musicale de maître Francis Lai. Bien que les paroles soient un peu légères ou naïves (en même temps, c'est du Barbelivien, on ne peut lui demander de faire de la poésie, le pauvre!), les chansons, la musicalité m'ont pris au tripes.
Le début me chancelle d'émotion, l'introduction est vraiment magnifique et s'allie parfaitement avec la musique, les images, la caméra en trapèze après la chute etc. Bref, du cinéma à la Lelouch, vrai, beau et taraudant le coeur.
Les images océanes ou africaines sont très belles et appuient la détresse du héros.
Touché!
Le film n'est pas parfait : l'histoire de cet enfant gâté, centre du monde, de son monde, manipulateur, étouffant, est peut-être un peu légère par moments, ou emprunte des chemins raccourcis (Anconina qui se fait passer pour un grand patron, c'est pas très crédible), mais le thème et les forces du film ne se trouvent pas là. Ca n'a pas d'importance. Comme souvent chez Lelouch (en cela ses critiques ennemies ont raison), la crédibilité et la naïveté de son propos se retrouvent dans des traits parfois grossiers. Ils ont tort de ne voir que cela, parce que sous le vernis des situations faciles se dévoilent des moments de pûre beauté, celle des sentiments et des personnages pittoresques et poètiques à la fois.