Un volcan sommeille au milieu des serpents

Au milieu des grosses productions de la semaine monopolisant les copies et donc les salles, on trouve Ixcanul, un film Guatémaltèque. La curiosité étant une de mes qualités; parmi tant d'autres; je m'offre une escapade dans ce pays à un prix très réduit, armé de muffins et beignets, pour apaiser mon estomac et rendre la séance agréable. Le séjour fût court et très loin de mes espérances. Un autre voyage s'impose, mais pas à travers ce film.


Maria (María Mercedes Croy) est fille unique. Ses parents ont arrangé son mariage avec un homme important, mais elle rêve de la grande ville, de quitter cette vie et profiter d'une autre, auprès d'un jeune homme.


Un premier film classique. A l'origine, cela devait être un court-métrage, surement la raison de la faiblesse du scénario. Le pays a beau être différent, l'histoire est des plus simpliste. Une jeune fille qui a des envies d'ailleurs, de fuir sa famille, son pays et rêve des états-unis, ce n'est pas vraiment original. C'est un thème universel, seul le traitement des faits, la réalisation où le casting, permet de ne pas avoir une impression de "déjà-vu".
Jayro Bustamante est un jeune réalisateur Guatémaltèque, ayant fait ses études à Paris, puis Rome. On sent son envie de bien faire, de livrer le portrait d'une femme voulant dépasser les traditions et s'émanciper. Elle est comme ce volcan qui sommeille auprès de son village, en pleine ébullition et prête à exploser à tout moment. Encore faut-il qu'elle ait les moyens de ses désirs.


Parmi les influences de Jayro Bustamante, on ressent surtout celle de Terrence Malick. La lumière est naturelle, les plans sont travaillés et pourtant il y a une économie de moyens, rendant l'ensemble naturel. On retrouve aussi cela dans le jeu de ses acteurs amateurs. Ils ne jouent pas, ils sont eux-mêmes et portent parfois leurs propres prénoms dans le film, comme l'actrice principale María Mercedes Croy. Elle est le centre de toutes les attentions, celle de ses parents, de ses prétendants et des spectateurs. Les premiers veulent le mariage, pour rester sur cette terre avec un emploi. Les seconds veulent la déflorer ou l'épouser. Enfin, nous, on sait ce qu'elle ne doit pas faire, mais pas ce qu'elle doit vraiment faire, compris ?
C'est une jeune femme, elle est curieuse de la vie et reproduit ce qu'elle a vu où entendu. Pour pousser les cochons à s'accoupler, le rhum semble une solution efficace. Alors pourquoi pas l'appliquer aussi aux humains ? Surtout que l'alcool coule en abondance, pour oublier les conditions d'une vie difficile, à cueillir le café dans une vie sans surprise. Décidément, la vie est la même partout, seul les paysages sont différents. Va-t'elle fuir avec celui qui lui plait où se conformer aux souhaits de ses parents ? C'est l'enjeu qui nous est proposé, cela manque vraiment d'originalité.


La découverte de la culture Maya est intéressante, mais cela ne fait pas un film. Au début, c'est un peu déroutant de ne pas les entendre s'exprimer en espagnol. Ils n'ont pas eu accès à l'éducation et se contente de perpétuer les traditions apprises de leurs ancêtres. L'évolution du monde, sa modernité et ses enjeux économiques, n'existent pas pour eux, ils sont coupés d'une certaine réalité. On peut être envieux de leur situation, mais cela ne les empêche pas de souffrir de la précarité. Ils ont une image de l’Amérique, bien loin des réalités. Ce pays fantasmé où selon eux, la vie est belle, surtout qu'ils seront bien accueillis, vu que ce sont les noirs qui font le sale boulot là-bas....
Le film permet d'avoir un éclairage sur un pays rarement vu sur grand écran, le Guatemala. Ils vivent de la production du café. Ils survivent grâce à l'alcool. Ils sont croyants et combattent les serpents qui pullulent autour d'eux. Il faut apprécier les films contemplatifs, aux multiples plans naturels, pour en sortir ravi. Si ce n'est pas le cas, ce sera un long moment où parfois, on nous sort de notre torpeur avec une tournure inattendue.


C'est plaisant de partir loin, de voir de nouveaux paysages et visages. Mais c'est encore mieux de le faire à travers un récit passionnant et intriguant. La forme est parfois agréable, mais ne me suffit pas. Il manque cette profondeur qui rend les gens attachants. La réflexion est intéressante, mais elle se fait en sortant de la salle et pas pendant, dommage. A voir, par curiosité.

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le 28 nov. 2015

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Laurent Doe

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