Une perle du thriller millimétrée par Barbet Schroeder

Un thriller honnête qui conjugue à merveille faux-semblants et voyeurisme. Ici, exit cinéma baroque et mise en scène misogyne (voir le troublant Snake eyes depalmiesque). Avec Barbet Schroeder à la barre, nous avons affaire à un exercice de style qui plonge une personne comme les autres dans un délire paranoïaque, et ce dans un film carré et soigné. Ca, c'est du bon, et je remercie le réalisateur de l'écurie Rohmer de nous alpaguer ainsi pour ses débuts dans le genre du thriller (il a déjà signé Barfly et Le mystère Von Bülow). Pour une fois, le fait est rare, JF partagerait appartement est porté par deux actrices, reléguant ainsi les hommes au second plan. Ce qui aurait pu être une gageure se veut non seulement instructif mais surtout convaincant à souhait ! Une partition sans fausses notes de la part du tandem Jennifer Jason Leigh (elle voit sa carrière décoller au début des 90's : Short cuts d'Altman, Existenz de Cronenberg...)-Bridget Fonda (vu ensuite dans Jackie Brown de Tarantino, Le baiser mortel du dragon aux côtés de Jet Li). Elles nous font complètement oublier les acteurs, et c'est tant mieux, car on se délecte encore plus facilement de ce suspense apporté crescendo par Monsieur Schroeder. Bingo ! Suspense ligoté d'une main de fer aussi par une musique onctueuse, lancinante et qui lance des pics à glace, comme Sharon Stone (Basic instinct) la même année. Et Howard Shore de pointer son nez tout juste après ses "silences", et de nous faire sa leçon de cinéma. Good ! JF partagerait appartement n'appartient pas au sommet de genre mais se délecte d'une place à part en-dessous des Seven et autres Silence des agneaux. Pas une réussite en somme, mais une très belle perle à consommer avec modération. Ce soir, partageriez-vous votre télé avec votre voisin très chers spectateurs ? Accord parental souhaitable et interdit aux moins de 12 ans.