« J. Edgar » est un des événements cinématographiques de ce début d'année. En effet, il cumule plusieurs attraits. Le premier est d'être réalisé par Clint Eastwood, qui n'est plus à présenter. Le deuxième est de voir Leonardo Di Caprio incarner le rôle-titre. Ce dernier est un des meilleurs acteurs de ces dernières années et aucune de ses apparitions ne laisse indifférent. Enfin, le fait que ce film soit un biopic d'un des personnages les plus marquants des Etats-Unis du vingtième siècle n'est pas anecdotique. Cet opus dure plus de deux heures et est sorti en salle le onze janvier dernier.

L'histoire nous conte la vie de J. Edgar Hoover. Ce dernier a dirigé le F.B.I. pendant une cinquantaine d'années. Accumulant les dossiers, il a généré à la fois de la crainte et de l'admiration à ses contemporains. Mais au-delà de l'homme de loi, le personnage possédait lui aussi ses secrets et ses angoisses...

Par son titre, ce film est sans équivoque : il s'agit d'un biopic. Il en possède tous les critères. On n'échappe pas à la narration des événements historiques importants qui ont marqué le personnage. Parallèlement, on découvre ce qui se passe derrière les murs quand les portes sont fermées. On se plonge également dans le quotidien de ce personnage historique dont on ne connaissait jusqu'alors que la dimension publique et professionnelle. La réussite du film réside dans le dosage entre ses différents aspects et dans la manière avec laquelle ils sont traités.

La dimension historique est intéressante. On découvre la montée en puissance de ce personnage dans le quotidien de l'Amérique du vingtième siècle. Les différents événements sont explicités de manière pédagogique. C'est positif pour notre compréhension mais finalement assez négatif pour l'intensité de la narration. On a parfois le sentiment d'assister à un cours universitaire. Cela fait qu'on s'intéresse à ce qu'on nous raconte mais sans arriver à se sentir passionné. Eastwood essaie donc de casser cette narration chronologique en construisant son film sur des flashbacks récurrents. On découvre un Hoover en fin de parcours qui, au moment de conter ses mémoires, nous fait vivre ses grands moments de gloire. Mais le stratagème ne se montre pas très efficace. Au contraire, il saccade le film et l'empêche de prendre un petit peu d'ampleur.

Il restait donc à l'aspect « vie personnelle » d'offrir à notre séance des moments plus intenses et prenants. L'amour platonique que Hoover ressent pour son assistant ou sa relation avec sa secrétaire sont des thèmes potentiellement intéressants. Hélas, je trouve que là encore le bilan est décevant. Je trouve que l'ensemble manque de finesse. A force de faire des zooms sur les gestes de l'un pour l'autre, la subtilité souhaitée tombe dans une lourdeur gênante. Alors que la personnalité complexe de Hoover aurait dû nous faire ressentir tout le spectre des émotions, le résultat est que tout cela ne nous inspire pas grand-chose. Je trouve qu'Eastwood a énormément de mal à faire naître des émotions à travers des scènes simples. C'est dommage. On devrait ressentir du dégoût, de la compassion, de la peur, de l'empathie, du rire ou encore du malaise. Finalement, tout cela n'arrive jamais vraiment.

C'est frustrant de voir la qualité du casting être aussi maladroitement exploitée. Leonardo Di Caprio, Naomi Watts ou encore Judi Dench sont d'excellents acteurs. Pourtant, leurs talents sont sous-utilisés dans cet opus. C'est vraiment dommage. Evidemment, chacun d'entre eux nous offre une performance sérieuse et appliquée. Chacun donne vie et épaisseur à son personnage. Néanmoins, je reste persuadé que certains choix de réalisation et de scénario les empêchent d'offrir à « J. Edgar » l'ampleur qu'on pouvait espérer le voir atteindre.

En conclusion, ce film m'a plutôt déçu. Je m'attendais à un bien meilleur film je vous avoue. J'espérais me passionner pour le destin de ce personnage à multiple facette. Hélas, j'ai suivi cette histoire de manière scolaire, sans émotion. Ce film n'est pas un navet, loin s'en faut. Mais il ne possède pas l'étincelle qui fait qu'on s'en souvient ou qu'on en parle avec enthousiasme en sortant de la salle et c'est bien dommage...
Eric17
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le 29 janv. 2012

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