"J'accuse" est une reconstitution historique minutieuse mais trop molle et trop scolaire. Le problème c'est qu'on connait tous cette histoire, le scandale et son issue. On l'a tous appris à l'école. Il aurait donc fallu faire preuve d'un peu d'originalité et de peps. Le film est sans émotion, comme ses personnages. On effleure à peine les doutes du capitaine Picquart, et c'est tout. Les autres personnages sont monolithiques. C'est un parti pris, mais à rester trop factuel on perd parfois le fil de l'histoire et des hommes qui l'écrivent. Des dialogues, des situations imaginées ou rallongées peuvent donner du liant quand il en manque. Le film s'achève sur le résultat mi-figue mi-raisin du deuxième procès Dreyfus: pourquoi ne pas avoir été au bout de l'histoire et au procès en cassation qui l’innocenta ? Personnellement ça m'a laissé un peu sur ma faim...
Pourtant ça démarre très bien avec une scène d'introduction édifiante qui pose bien le contexte. S'ensuit une première partie très réussie avec des flash-back for à propos. Ensuite ça commence à ralentir et la fin du film est plus pénible. On a l'impression que les scènes de procès sont tronquées, cela manque de grandeur, de passion et surtout de joutes oratoires. Pire, les dialogues déraillent parfois, à se demander s'il y avait un dialoguiste pour travailler dessus. Le même personnage, dans la même discussion peut passer d'un langage châtié à celui d'un gavroche du XXIe siècle.
Malgré toutes ses imperfections l'oeuvre est marquante. Certaines scènes trouvent un écho particulier dans la France d'aujourd'hui, comme ce général mourant regrettant le "trop grand nombre d'étrangers" dans un pays "dont la culture se perd". Il y va même d'un "Je ne reconnais plus la France".
A l'arrivée, J'accuse est un bon film dossier mais qui manque de "fun". Le principal mérite est qu'il nous porte à réfléchir sur un des plus grands scandales de l'histoire de notre république. Quand la société entière et ses institutions déraillent. Il faut être fou pour faire une confiance aveugle aux institutions, mais c'est le devoir de chaque citoyen de leur faire confiance. A montrer dans toutes les écoles pour ouvrir le débat.