Trois bides successifs ont suffi à Peter Bogdanovich, un des réalisateurs phares du Nouvel Hollywood, pour le faire déchoir de son piédestal ; Daisy Miller, Enfin l'amour et Nickelodeon. Devant pour ainsi dire repartir à zéro, il se retourne chez Roger Corman, avec qui il a travaillé à ses débuts, pour proposer à bas coût cette histoire d'un proxénète, joué par Ben Gazzara, qui dirige un bordel à Singapour, mais doit faire aux mécontentement de ses rivaux, et aussi à la CIA qui veut lui demander d'ouvrir une autre maison uniquement consacrée aux soldats revenants de Vietnam.


J'avoue que je suis plus amateur de Bogdanovich quand il parle de lui-même, en l'occurrence sa cinéphilie, son amour pour le cinéma dit ancien. Là, l'histoire est contemporaine, et on pense parfois à du Cassavetes, notamment parce qu'il y a Ben Gazzara (royal), mais aussi par le rythme indolent de l'histoire, où il a l'air de ne pas se passer grand-chose, uniquement des aventures autour de ce fameux bordel. D'ailleurs, Gazzara est montré comme un père pour ces jeunes femmes peu avides de leurs charmes.
Il y a par ailleurs des scènes très bizarres comme une scène lesbienne avec en fond la musique de Goldfinger ! Est-ce par rapport à la présence d'un ancien James Bond, en l'occurrence George Lazenby, mais ça reste bien filmé et sans vulgarité, à l'image de la mise en scène qui se permet de beaux découpages, comme lors d'une poursuite filmée de loin. Ce film est aussi un documentaire sur Singapour à la fin des années 1970, qui ressemble plus à un bidonville qu'autre chose, et où le marchandage des corps (aussi bien jeunes qu'adultes) est roi.


C'est le cruel paradoxe de Saint Jack où ça reste suffisamment intéressant le temps de la projection, mais au bout du compte, on retient surtout la cool attitude Ben Gazzara, ce qui fait malheureusement bien peu.

Boubakar
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le 20 oct. 2018

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