Si Death Proof est sans aucun doute le film le plus bêtement critiqué au sein de la filmographie, il est aussi clair que le plus sous-estimé et souvent oublié n'est autre que ce fabuleux Jackie Brown.


Je ne connais pas l'effet du film à l'époque de sa sortie mais il semble loin du succès de son précédent et cultissime Pulp Fiction.
Le fait qu'on est affaire à une adaptation, la seule fois dans la carrière de Tarantino, pour le moment du moins, a peut être joué. En effet, le roman de Elmore Leonard nommé Rum Punch est le support principal de cette histoire policière. Tarantino ne s'en émancipe pas beaucoup apparemment, hormis pour le personnage principal qu'il rend noire.
D'où également un certain manque de violence comparé au reste de son œuvre.


Pam Grier qui avait failli se retrouver dans Pulp Fiction quelques années auparavant, se glisse dans le tailleur bleu foncé de Jackie Brown, hôtesse de l'air se retrouvant face à un ultimatum.
A travers ce personnage de couleur et l'ambiance générale, surtout musicale, Tarantino inscrit son film dans un hommage à la Blaxploitation des années 70.
Entre gangsters et flics, deux âmes vont se croiser, celle d'une hôtesse de l'air menant une petite vie, travaillant pour la pire des compagnies aériennes et un prêteur sur gage fatigué.
En ce duo de personnage, Quentin Tarantino tient sans doute les plus doux et mélancoliques de sa carrière. A voir si son nouveau bébé au nom magique de Once Upon A Time in... Hollywood tiendra sa promesse d'être son œuvre la plus mélancolique.


Un troisième film pour le cinéaste, tout en douceur et dialogue, loin des chiens fous de Reservoir Dogs et de la fresque vengeresse qui suivra, Kill Bill.
La bande son résume à elle seule la mélancolie du film grâce à des morceaux d'une tendresse dingue, totalement dans le ton et l'époque du film.
Malgré cela, ça reste du Tarantino, ce qui veut dire des dialogues et situations de folie. Beaucoup plus dans le dialogue que les actes d'ailleurs ici. Le plus bel exemple de scène jouissive et totalement Tarantinienne, c'est bien évidement celle entre Sam Jackson et Chris Tucker. Une scène de parlotte qui finira bien tragiquement et pourtant très drôle.
Le reste de la drôlerie de cette œuvre passera principalement par un Robert De Niro délicieusement débile. J'ai toujours tellement du mal à croire que ça soit le mec de Taxi Driver, The Deer Hunter ou encore Le Parrain II qui a incarné ce bum de Louis. Tout simplement génial !
Sans doute d'ailleurs le casting le plus étonnant de sa filmographie, car hormis ce bon vieux Samuel L. Jackson et Michael Bowen, aucun autre acteur n'a été ou ne sera plus dans un film du cinéaste.
Jackson, bordel ce que Tarantino aime l'enticher d'une coiffure bien spéciale à chaque fois, hormis dans Kill Bill. Encore une fois, ce bon vieux Sam est incroyable, son phrasé fréquemment agrémenté d'un "Motherfucker", sa démarche, son style, sa classe, un motherfucking acteur !
Pam Grier, superbe en femme forte et maligne... Enfin d'après Spike Lee, Tarantino serait raciste donc bon... Retourne te coucher Lee :P.
Magnifique Robert Forster, hilarante Bridget Fonda et un Michael Keaton déterminé.


En tout cela, Jackie Brown a des raisons de se démarquer dans la filmo mouvementée de l'Américain. Pas de violence explicite, un casting atypique, une douceur rare et quelques autres détails.


En somme, s'il n'est pas le film le plus marquant de son cinéaste, j'en conviens, dur est la concurrence, faut bien le dire, Jackie Brown reste une perle de polar dont les 2h34 passent à une vitesse folle, dont l'ambiance est délicieuse, les personnages bien marqués et captivants, puis ça reste du Tarantino, donc soigné de toutes parts.
Mise en scène aux oignons avec ces nombreux plans longs, des jeux de lumière et j'en passe.


Tout ça pour dire qu'il ne faut sous-estimer cette œuvre, ni aucune autre du cinéaste d'ailleurs.

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le 19 juil. 2019

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-MC

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