Une comédie dramatique réussie sur la jalousie ordinaire loin de toute caricature ou clichés.

Surtout ne pas se fier à la bande-annonce et à l’argument marketing qui vend le film comme une banale comédie sur une femme jalouse. Le bien-nommé « Jalouse » vaut bien plus que cela. Loin d’être une comédie populaire – sans que ce terme soit forcément péjoratif - sur ces sentiments ingrats que sont la jalousie et l’envie, le second long-métrage de la fratrie Foenkinos dresse plutôt le portrait d’une femme en pleine crise de la cinquantaine après son divorce et qui va peu à peu sentir la jalousie sous différentes formes l’envahir. Et grâce à un regard plein d’acuité et de justesse, le film va rendre compte de ce que cela peut engendrer à différentes strates de la vie professionnelle, sociale, familiale, amicale et amoureuse d’une personne. En cela, le long-métrage est d’une complétude irréprochable tant il s’attache à englober toutes les causes et les conséquences que cela peut avoir. Derrière le vernis de la légèreté, il y a une bonne dose de psychologie fouillée sans que cela soit pesant.


Loin de toute caricature, ce beau personnage de femme, pas facile à aimer de prime abord, va se retrouver face aux répercussions de la jalousie ordinaire qui s’immisce en elle sans qu’elle puisse l’en empêcher. De manière perspicace, par petites touches et sans jamais forcer le trait et sombrer dans la caricature, les frères Foenkinos montrent ainsi comment Nathalie va polluer l’existence de son entourage. Le film aborde donc autant la jalousie qu’elle éprouve face à une nouvelle collègue du lycée où elle enseigne, face à sa meilleure amie qui semble plus heureuse qu’elle et même envers sa propre fille dont la réussite l’agace. Rarement ce sentiment n’avait été montré avec tant de perspicacité, grâce à des situations de la vie de tous les jours jamais forcées mais qui s’inscrivent dans un quotidien perméable à chacun d’entre nous.


Alors bien sûr, on sourit souvent face aux mesquineries de Nathalie et à quelques répliques bien mises en bouche qui claquent comme des gifles. Mais derrière cet humour apparent se cache une tristesse plus sourde et la démonstration que vieillir ou des contrariétés peuvent rendent aigri. La dernière partie se fait d’ailleurs plus dramatique et tentée par une bonne dose de tendresse bienvenue. Le salut de Nathalie passe par une remise en question et le talent de la toujours impeccable Karin Viard fait passer la transformation de son personnage de la plus agréable et réaliste des façons. La palanquée de seconds rôles, tout aussi éloignés de la caricature, aide également beaucoup. La nouvelle petite amie du mari, pas si bête qu’elle n’en a l’air, ou la meilleure amie compréhensive sont de beaux personnages écrits et mis en lumière avec beaucoup de soin et pas uniquement là pour servir la soupe à celui de Karin Viard. « Jalouse » est une agréable surprise et un film pertinent qui choisit d’être juste plutôt que de verser dans la franche rigolade même si quelques gags n’auraient pas été de refus.

JorikVesperhaven
7

Créée

le 9 nov. 2017

Critique lue 415 fois

Rémy Fiers

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