Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa fille Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage…


Il me semble que « Jalouse » nous est présenté (bande annonce, critiques…) comme un film drôle et hilarant. Alors que c’est tout sauf un feel good movie ! je l’ai même trouvé vraiment triste, mais pas dans le genre plombant tu vois, triste façon douce-amère. Parce que quand même, oui d’accord, le personnage est jaloux, envieux, aigri, et comme les barrières sautent du jour au lendemain, boum elle devient méchante, cinglante et cruelle, sans comprendre pourquoi tout à coup le vide se fait autour d’elle. Mais mon gars, c’est pas la ménopause, c’est la dépression ! on rit (enfin, toi tu ris peut-être, parce que moi, bof, je suis plutôt triste, mais ça je l’ai déjà dit) devant une nana qui visiblement n’a qu’un problème majeur : vieillir, et vieillir seule, mais qui devant nos yeux amusés (enfin, les tiens plutôt, bref t’as compris) nous fait en réalité un méga gros burn out.


D’ailleurs je me suis dit à un moment que le titre n’était pas forcément le bon : ce n’est pas tant la jalousie qui ronge le personnage et pourrit sa vie (et celle de ses proches), c’est sa négativité, sa manie de ne voir que le mauvais côté des choses, critiquer tout et tout le temps, préférer se brûler plutôt que de dire une gentillesse, et de vouloir entraîner tout le monde de son côté (obscur). Mais bon, « Négative », ou encore « Toxique », ça sonnait bizarre comme titre.


Parti comme ça, tu te dis que je suis en train de dégommer le film. Mais non, en fait pas du tout : j’aime vraiment les frères Foenkinos, le travail de l’un comme le travail de l’autre (joli clin d’oeil à Charlotte dans une librairie, en passant), j’avais beaucoup aimé leur court-métrage Une Histoire de Pieds et j’avais trouvé dans La Délicatesse (le film) des choses qui me parlaient de façon très particulière. Ici c’est pareil : tu peux recevoir le film de différentes façons, le regarder au premier degré, ahaha comme elle est drôle cette Karin Viard (mention très spéciale aux autres acteurs, et surtout actrices : Anne Dorval et Marie-Julie Baup sont excellentissimes) !, ou bien voir la subtilité qui ressort de tout ça. Parce que finalement ce qui effraie tant Nathalie c’est la solitude, sa fille est belle certes, mais surtout elle ne va pas tarder à s’envoler de ses propres ailes, son mari est remarié ok mais tant qu’il n’invite pas sa dulcinée à batifoler aux Maldives ça reste fragile. Tout est éphémère et incertain, comme de se lier d’amitié avec une vieille dame qui risque de casser sa pipe incessamment sous peu (simple, basique. Oui je viens de placer Orelsan). Regarde ces nouveaux voisins horripilants d’amour et pas foutus d’aller s’acheter du sel à l’épicerie d’en bas, comme c’est jouissif de voir que pour les autres aussi rien ne dure !
On sort du film en souriant à cause du dernier plan (très réussi), alors que finalement rien n’est réglé, rien n’est fini, il n’y a pas de happy end, juste des incertitudes, parce que c’est comme ça, ainsi va la vie, inconstante et fragile, et qu’une fois que tu as validé ça une bonne fois pour toutes, il ne reste plus qu’à l’apprécier, au jour le jour.

sophiebazar
7
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le 13 nov. 2017

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sophiebazar

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