Ce premier James Bond pourra surprendre aujourd'hui ceux pour qui les aventures de l'agent secret le plus célèbre du monde ne sont qu'une surenchère de gadgets, de décors luxueux et d'action. Le film souffre en effet des imperfections d'être le premier d'une très longue franchise (la plus longue du cinéma) car il n'a pas encore tous ses codes et gimmicks : pas de chanson de générique (mais le célèbre thème à la guitare électrique), pas de prologue, absence de Q et donc encore peu de gadgets, décor exotique unique (la Jamaïque), pas de voiture attitrée etc... mais en l'état, il oppose dans la tradition du genre le héros charismatique à un génie du crime, le Dr No, premier d'une longue lignée.
La personnification de Sean Connery qui tournait le premier de ses 6 Bond officiels, est indissociable du succès du film, il rend le personnage difficilement oubliable. Pourquoi ? plusieurs raisons : alors que ses successeurs joueront volontairement sur un certain humour et leur décontraction, Sean campe un personnage menaçant et cynique, prêt à utiliser son permis de tuer avec délectation. Ceci dit, ses punchlines sont certes cyniques mais réellement humoristiques, ce sera sa carte de visite ; c'est pourquoi il est mon Bond préféré, et comme beaucoup de puristes, je pense qu'il EST James Bond, le seul, le vrai, l'unique, les autres venant après. Sa façon décontractée de prononcer la phrase qui deviendra rituelle Je m'appelle Bond, James Bond conditionne également le personnage.
Chacun des autres interprètes insufflera des éléments qualitatifs, mais lui seul saura dégager un tel magnétisme, et surtout il a délibérément cette étiquette sixties qui fait qu' il marquera le personnage de façon durable, trop d'ailleurs à tel point que Sean en souffrira au début, mais il saura faire rebondir sa carrière en variant ses rôles.
Tel quel, le film fait décoller le mythe, Terence Young réalise un agréable film d'aventure avec un méchant caricatural mais intéressant, et une première Bond girl incarnée par l'éblouissante Ursula Andress sortant de l'eau en bikini blanc avec ses coquillages, une scène-clé inoubliable. En somme, le héros est lancé en plantant quelques jalons qui ne feront que se compléter avec les films suivants.

Ugly

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