JARHEAD n'est pas un film de guerre mais un film sur ou autour de la guerre.
La nuance est de taille. Ici point de patriotisme exacerbé ou de batailles homériques. Il s'agirait plutôt d'une tentative efficace de démontrer à quel point l'armée et en particulier le corps américain des Marines est une parfaite usine à fanatiser et à décérébrer des hommes qui cherchent, semble-t-il, leur salut, des valeurs et même un sens à leur vie dans cette "grande et belle famille".
Mais les personnages au caractère bien défini cachent tous plus ou moins bien leurs fêlures. Celles-ci éclatant au grand jour au détour d'une lettre reçue, d'une vidéo provocante, d'une mission avortée ou bien de la découverte d'un charnier dans le désert.
Ici il n'est question que de frustration et d'attente. Les personnages sont plus en guerre contre eux-mêmes que contre de supposés ennemis irakiens: ces snipers américains sont de parfaites machines à tuer à qui l'on dénie le droit de tuer...
Sam Mendes signe une œuvre esthétiquement époustouflante et émotionnellement plutôt efficace (tout le casting est bon)