Jeune cinéaste de 34 ans, la mexicaine Claudia Sainte-Luce manifeste une ambition particulièrement impressionnante dans son deuxième long-métrage, Jazmin et Toussaint, bien au-dessus du déjà pourtant prometteur Les drôles de poissons-chats. Le film est en grande partie autobiographique, au moins pour son thème de départ, le rapprochement d'une femme avec son père qui souffre d'une sénilité vasculaire. Le fait que la réalisatrice soit aussi l'actrice principale du film ajoute encore un sentiment d'intime même si Claudia Sainte-Luce a ensuite donné libre cours à son talent de créatrice de fiction. Jazmin et Toussaint n'est pas une oeuvre facile d'emblée, de par les relations complexes entre père et fille et surtout à cause d'une construction qui se joue de la temporalité et plonge littéralement dans les tréfonds d'un cerveau confus dans lequel les souvenirs se chevauchent, y compris les plus anciens en Haïti, et les amours sont évoquées dans le désordre. Volontairement, la réalisatrice n'a pas souhaité donner de GPS au spectateur qui, petit à petit, comprend, ou pas, quel fut l'itinéraire de Toussaint. Cela demande un certain effort pour se mettre au diapason de ce film exigeant aussi déboussolant parfois qu'à pu l'être le Providence de Resnais, pour ne citer qu'une seule référence éventuelle. On est, en tous cas, soufflé par la maîtrise de mise en scène et la qualité de direction d'acteurs de Claudia Sainte-Luce. Dans le rôle de Toussaint, Jimmy Jean-Louis est prodigieux.

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le 18 mars 2017

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