La mère de Michel va mourir, elle un cancer du sein en phase terminale. Le souci c'est que les médecins ne retrouvent pas son cancer... Peut-être que ce que Michel croit voir comme une grosseur sous son mamelon n'est pas là par hasard? Voici donc la nouvelle comédie noire a la Belge. Un genre en soi qui, du nord (La Merditude des choses) ou Sud (C'est Arrivé près de chez Vous), a accouché de quelques pépites. Mais ne vous attendez pas à retrouver le même ton que les oeuvres précitées. Car si le récit est sombre il n'est pas non plus trop noir. Et si l'on rit de la mort, l'on ne transgresse pas la zone de confort du spectateur. N'espérez pas non plus des barres de rire à la Dikkenek, si certaines scènes sont très drôles (comme celle de la livraison lors d'un enterrement ou celle de la visite de la maison de repos), dans l'ensemble l'on sourit plus qu'on ne rit vraiment.
Le film semble souvent hésiter sur le ton à adopter, jamais ouvertement dramatique il prend la direction de la comédie pour redevenir assez sérieux et ce la jouer onirique. C'est d'ailleurs lors de ces passages que le film risque de perdre ces spectateurs. Amenant des symboliques assez lourdes sans beaucoup de finesse, le film déforce plus son propos qu'il ne le renforce. Car mine de rien, Je Me tue A le dire à beaucoup de choses à nous raconter.
Outre de la mort et de l'attente de celle-ci, il aborde l'hypocondrie, l'amour d'un fils à sa mère, d'une mère à son fils, la fragilité des sentiments amoureux, la solitude de la vieillesse... Et chaque fois il est assez juste et plus subtil qu'il n'y paraît. Bien écrit et surtout bien interpréter le film nous offre une très belle relation mère-fils. C'est parfois très drôle via des dialogues assez mordant ("quand tu es née tu avais la tête tout allongée. On aurait dit ton père... en encore plus moche"). C'est régulier tendre comme lors de cette scène où la maman refuse de passer un scanner sans son fils. Mais c'est toujours très juste.
Finalement, si le film se perd c'est principalement à choisir la meilleure façon d'aborder son thème. Il n'est pas assez dramatique pour susciter de réel émotion, pas assez drôle pour être une véritable comédie et parasiter par trop de symboliques inutiles (en particulier cette dernière scène franchement lourde). Je me Tue A le dire est au final assez symptomatique des premiers films d'élève sortant d'école de cinéma (Xavier Seron vient de l'IAD). L'on veut tellement bien faire qu'on en fait trop. L'on utilise tout ce que l'on connaît sans jamais vraiment aboutir. Mais il faut reconnaître que l'ensemble reste malgré tout prometteur. Il est fort probable que quand Seron aura pris de l'expérience et de la bouteille il canalisera mieux ces ambitions. En attendant il mérite qu'on le soutienne et qu'on aille voir son film.


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le 5 janv. 2017

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