Alors oui, le parti pris est assez similaire à "Jacky au Royaume des filles" film mal aimé (et pourtant très chouette) de Ryad Sattouf.
Oui, c'est filmé comme un téléfilm (et parfois joué pareil)... Mais cette inversion des genres qui pourrait être traité à la rigolarde, de façon un peu lourde, crée plutôt un malaise... Notamment quand le personnage principal, au lieu de se rebeller, va au contraire complètement s'imprégner de la culture "féminisculiste" du monde parallèle qu'il intègre.
Oui aussi, le scénario (en dehors du parti pris de départ) est vu et revu, mais justement, cette relecture inversée des classiques de la comédie romantique, presque de boulevard, rend le vrai sujet de fond, l'inégalité des rapports hommes-femmes encore plus criantes, dans la mesure où on ne se perd pas dans les méandres d'une histoire novatrice. Non, l'idée est juste là, de redéployer les poncifs du "genre".
Le dominant, le dominé. Le fidèle, le cavaleur. Le fort rassurant mais en dépendance affective, le faible soutient sans faille...
Sauf que l'homme et la femme ont échangé leurs tics de scénarios et leurs contraintes sociales, et que celles-ci sautent d'autant plus aux yeux que, finalement, ce traitement téléfilmesque nous met dans une univers finalement familier et médiocre qui rend le contraste encore plus violent, encore plus immédiat.
Les deux acteurs principaux sont formidables.
On regrette un peu qu'il n'y ai pas une écriture plus inspirée, car les situations pourraient donner des lignes formidables. Les sentiments sont assez peu convaincants, la romance un peu (beaucoup) cousue de fil blanc, on ne croit pas trop à tout ça... Le propos est ailleurs.
Quoi qu'il en soit, ce film très dans l'air du temps fait du bien à voir et a, peut être, ouvert quelques synapses chez les spectateurs peu concernés par le féminisme et, ma foi, c'est déjà beaucoup.