The Last Man On Earth est la première adaptation cinématographique du roman "I am Legend" de Richard Matheson. En 1964, personne ne voulait financer cette adaptation et le tournage en pays anglophones a été refusé pour cause de censure, ce qui a amené les réalisateurs à le tourner en Italie (source Wikipedia). Du coup, avec un budget miniature (à peine plus de 2M €), ce film en devient plutôt une sorte de pièce de théâtre portée à l'écran. Vincent Price est la plupart du temps saisissant, et nous fait oublier ce manque de moyens flagrant pendant au moins la moitié du long-métrage.


Robert Morgan (Robert Neville dans le roman I Am Legend), campé par un superbe Vincent Price, est un scientifique qui a assisté à la transformation de l'humanité toute entière en vampires, contaminée par une sorte de peste inconnue et contre laquelle personne n'est parvenu à trouver de remède. Le film débute alors que Robert Morgan est seul au monde depuis déjà trois années. Il passe ses journées à renforcer les défenses de sa maison, à parcourir la ville à la recherche de gousses d'ail, de miroirs et de carburant, et a pour principe, inhérent à sa survie, de toujours prévoir une réserve de ces objets bien particuliers. La nuit tombée, les vampires sortent. Le jour, ils sont épuisés, malades, et se terrent dans les coins d'ombre. Durant la journée, Morgan en profite également pour tuer tous les vampires qu'il parvient à rencontrer...


La ville post-apocalyptique est plutôt convaincante, étant considéré ce que j'ai mentionné précédemment. Voitures abandonnées, cadavres éparpillés, papiers qui volent, caddies, tout est défriché, et tout est plongé dans un silence oppressant qui montre bien que cette ville autrefois peuplée de centaines de milliers d'humains est désormais épurée de toute forme de vie. Même les oiseaux ont disparu, ce qui en fait ressortir plus encore le désespoir. Bien sûr, il subsiste des malformations visuelles dues à quelques erreurs de réalisation, comme une scène dans laquelle il conduit de nuit, et où l'on aperçoit furtivement un passage en plein jour, ou encore une ombre d'un membre de l'équipe de tournage sur la manche de l'acteur alors qu'il est supposé être seul dans sa maison... Mais globalement, si l'on excepte des vampires qui tiennent plus des zombies mous et débiles que de ceux de Entretien avec un Vampire, le film est plutôt sympathique.


En tout cas, il est certain que Vincent Price tient férocement son rôle, et nous aide sans jamais nous forcer à nous plonger également dedans. Sa voix suave, solennelle et lyrique y est pour beaucoup, mais la solitude, la tristesse, la joie hypocrite affichée afin de ne pas perdre espoir, son monologue de la première demi-heure, tout cela est excellent. Pour l'épouvante, hormis deux scènes, une seule en particulier, il faudra repasser. Il faut tout de même souligner que dans son rôle de père de famille heureux, dévoilé lors d'un flash back explicatif et plutôt léger bien qu'un peu longuet en plein milieu du film, est en-deçà du reste de sa prestation. Mais lorsqu'il campe son rôle de personnage solitaire, organisé, déprimé tout en étant à la fois poussé par un irrépressible besoin de survivre, il est vraiment très bon. Superbe scène, notamment, lorsque, visionnant un vieux film sur sa famille et ses amis, il éclate de rire pour terminer sur des sanglots poignants. Au final, on sera tiraillé par deux sentiments contradictoires : la niaiserie sous-jacente et finalement presque inévitable au vu du thème du film et de son budget qui le rendrait irréalisable aujourd'hui, et la fascination envers l'homme seul contre tous campé par Vincent Price, parfois exceptionnel, parfois simplement très bon et, dans certaines scènes seulement, un peu en-deçà du reste, mais jamais mauvais.

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le 20 mars 2012

Modifiée

le 22 sept. 2012

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Taurusel

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