Quand jamais il n’a été aussi bon de retomber en enfance

Logo Disney, peluches animées de l’univers de Winnie l’ourson, ça y est, nous allons naviguer en pleine niaiserie sous une ambiance enfantine. N’importe quelle personne penserait ça. Et si vous vous trompiez ? Et s’il cette œuvre avait été conçue spécialement pour vous, adulte responsable ? Enfants et adultes trouveraient-ils leur compte dans Jean-Christophe et Winnie ?! Suivez l’abeille butineuse jusqu’à la forêt des rêves bleus pour avoir le fin mot de l’histoire…


Retour à la Forêt des Rêves Bleus


Winnie l’ourson en prise de vue réelle. Qui l’aurait cru ? Après avoir décidé de dépoussiérer les classiques de chez Disney en les faisant passer de dessin animé à film live, voila qu’est venu le tour du plus célèbre des oursons de subir le même sort. N’importe quel fan du personnage frissonnerait de terreur à l’idée qu’on touche à ce personnage si important pour lui. Laisser son enfance derrière soi était-il une bonne idée ? C’est en partant de cette question que Marc Forster va bâtir cette suite en prise de vue réelle de Winnie l’ourson. A la manière dont Hook ou la revanche du Capitaine Crochet abordait lui aussi ce thème d’une manière parfaite, le réalisateur entend bien tirer la sonnette d’alarme dans le monde un peu trop sérieux et renfermé des adultes.


Et oui, même dans le monde de Disney les années passent. Rien n'est finalement éternel. Jean-Christophe et Winnie nous le rappelle. Le petit garçon qui jadis adorait rendre visite à son meilleur ami Winnie ainsi que ses autres amis a bien grandi. La quarantaine passée, Jean-Christophe a malheureusement, comme certains d'entre nous: laissé son enfance derrière lui. Devenu père à son tour, devant faire face à de lourdes responsabilités, Jean-Christophe n'est plus le petit garçon souriant, rieur, attentionné et imaginatif qu'il avait été. Véritable bourreau de travail, il est devenu une sorte de Mr Banks de Mary Poppins (en un poil moins strict), négligeant femme et enfant. Oui, vous l'avez bien entendu, Jean-Christophe et Winnie rappelle sur bien des points le célèbre classique de Disney.


Alors que les premières images laissaient imaginer que ce long métrage serait destiné avant tout aux enfants, voila que le premier quart d'heure nous remet très vite à notre place. C'est un fait, Jean-Christophe et Winnie s'adresse véritablement aux adultes ayant grandi en regardant Winnie ou ceux passant des heures à s'inventer des aventures avec leurs ours en peluches.


Forcément, étant dans ces deux catégories, je m'y suis très vite retrouvé. Surprise, ce film et son petit coté enfance naïve traite de manière pertinente des thèmes importants. L'importance de la famille, le passage à l'âge adulte, les responsabilités d'un adulte, l’éducation, ect. Marc Forster, par l'intermédiaire d'un Ewan McGregor plus attachant que jamais a sût trouver les mots justes pour convaincre les adultes de changer leur façon de vivre.


Nouveautés: celle de mettre Winnie et ses amis dans une nouvelle situation en les faisant sortir de leur foret et atterrir à Londres. Ce concept, on en a fait quelque chose de positif et, malgré l'idée de départ, on évitera la copie. Parce que l’ambiance mixe enfance et maturité, n’imaginez pas que ce film sera uniquement axé « adultes » puisque les enfants prendront plaisir à voir ces petites peluches mignonnes et expressives les impliquer dans l’histoire.



Mon Winnie, toi tu es ici ?!



Une histoire originale prenant au cœur par tant de mélancolie et de douceur


Ce Winnie l'ourson mélangeant images de synthèse et prise de vue réelles étonne par sa joie communicative. La direction artistique étonne elle aussi. Tout se marie à merveille, jamais on avait encore vu ça et ce, malgré la sortie des deux premiers films Paddington. Les ombres, les lumières, cette manière de filmer ses personnages parfois d'une manière symbolique et mélancolique, la mise en valeur du Londres des années 50 rappelant fortement Mary Poppins force l'admiration et le respect.


Oui, Jean-Christophe et Winnie est somptueux au point où l'animation et le design de Winnie et sa bande donne la sensation de réalisme. L’œuvre de Marc Forster ne fait pas enfantine. Que ce soit leurs expressions faciales ou leur manière de se déplacer, tous sans exception font véritablement peluches prenant vie. Un peu comme l'aurait été un Toy Story version live. D'ailleurs, en parlant de Toy Story, plutôt, en parlant de Toy Story 3, là encore, la thématique de l'enfance sera plus que jamais d'actualité. Les studios Disney ne veulent pas nous voir nous adultes, mettre de coté notre enfance et notre part de naïveté.


J'ai beau réfléchir, je ne trouve aucuns défauts à ce film. Il déborde de sincérité, d’un petit quelque chose que l’on ne voit que trop peu de nos jours. Moderniser les personnages tout en gardant leur apparence de vieilles peluches d'époques, garder les codes des dessins animés, ne pas tomber dans un film magique/féérique spectaculaire truffé d'effets spéciaux et de scènes tape à l'œil, Disney, c’est rare qu’ils arrivent à faire ça. Ce pourrait-il que Jean-Christophe et Winnie soit leur premier film réellement authentique ?


Tout ce qui a fait le succès des livres et de l’âme de l’univers de Winnie l’ourson est là. Les métaphores cachées derrière les dialogues et le visuel, le narrateur contant notre histoire, les nouifs et les éphélants (monstres pas vraiment apprécier de Winnie et Cie, le célèbre ballon rouge (à emmener obligatoirement lorsqu’on part en voyage), les jeux d’enfants (ici on découvrira le jeu de « la peluche qui dort »), ses phrases courtes faciles à retenir, cette part de naïveté, de maladresses, de mignonneries et ce comportement d’enfant entourant Winnie et ses amis (chaque collègue de Jean-Christophe ayant une personnalité similaire à celle de Tigrou et les autres), la poésie, la philosophie, la mise en valeur de l’automne, les personnalités de Winnie (et son peu de cervelle), Tigrou, Porcinet, Bourriquet, Maitre Hibou, Coco Lapin (un peu déçu par son design proche du lièvre de Mars d’Alice au pays des merveilles), Maman Gourou et Petit Gourou, Marc Forster n’a rien oublié, pas même quelques petites chansons que les fans reconnaitront. De ce coté, notre film ne fera pas du Disney chantant toutes les 15minutes. Les chansons dans Jean-Christophe et Winnie étant plutôt « furtives ».



Je ne suis plus comme dans ton souvenir.



On ne chipe pas l’ours en peluche d’une grande personne !


Dès le départ, l'histoire nous est contée comme on l'imaginait, retraçant le parcours de Jean-Christophe de son enfance à l’âge adulte, nous illustrant la vie plutôt étonnante du personnage. Jamais je n'aurai imaginé voir Jean-Christophe participer à la Seconde Guerre mondiale. La prise de risques était là, Marc Forster n'a fait aucune erreur, a su développer un personnage iconique de la plus belle des manières en lui permettant de garder son aura d'origine et évolution logique.


Qui d’autres qu’Ewan McGregor aurait pu interpréter en prise de vue réelle ce personnage ? Lui qui déborde de gentillesse, de générosité et de joie tout en passant sans problèmes d’une expression à une autre trouve un rôle taillé sur mesure. Ces interactions avec Winnie seront poignantes au point où vous verserez normalement votre petite larme. Surtout lors de cette petite scène où le quarantenaire rejoindre sur un tronc d’arbre celui qui était autrefois son meilleur ami.


Ewan ne sera pas le seul à nous fournir notre dose d'émotions, Hayley Atwell, interprète d'Evelyn la femme de Jean-Christophe ainsi que l’adorable Bronte Carmichael, dans le rôle de Madeline, sa fille, auront toutes deux une importance dans le récit. Les deux actrices prennent plaisir à jouer et forcément, ça se ressent, tout comme le fait que rien, absolument RIEN ne sonne surfait.


Non seulement ce film respire la gentillesse, mais en plus il fait réfléchir à notre manière de vivre, nous, adultes ayant dorénavant des responsabilités. Comme le disaient les paroles d’une des vieilles chansons de Winnie, du temps où ses aventures étaient comptées par Jean Rochefort et Vincent Perrot : il faut un temps pour s’amuser, il faut un temps, pour travailler. Là, on inverse les paroles. On ne le dira jamais assez : parents, amusez vous avec vos enfants, ne reproduisez pas la manière dont vos propres parents vous ont éduqué.



Faire rien mène souvent à bien faire.



Au final, bien des nuits j'aurais rêvé que Jean-Christophe et Winnie me touche en plein cœur mon âme d’enfant. Le rêve a été exaucé. Amoureux de cet univers avec lequel j'ai grandis et que je n'ai jamais pu oublier, cette œuvre a intégrée tout ce que je souhaitais. Douceur, nostalgie, musiques émouvantes, personnages ultra-attachants et visuel d’une poésie à vous faire verser une petite larme. Une véritable bouffée d'air frais dans un monde cinématographique ne proposant plus grand chose de neuf, sincère et utile. Pour moi, un chef d’œuvre. La magie Disney a encore frappée.

Jay77
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films mêlant animation et prises de vue réelles et Les meilleurs films "live" Disney

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le 25 oct. 2018

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Jay77

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