Jean-Philippe par Thomas Valero
Que l’on me pardonne d’avoir ainsi noté ce film qui est loin d’être un chef-d’œuvre. On me pardonnera – j’en suis sur ! – de n’avoir pas mis seulement la moyenne à ce film péniblement long. Et l’on me pardonnera enfin d’avoir offert à Jean-Philippe la confortable note de 6 puisqu’elle se situe dans la fourchette des trois notes les plus données sur Sens Critique.
Alors, j’ai écrit cette critique en guise d’excuses et d’explications.
Jean-Philippe est une histoire sur Johnny Hallyday (oui, je sais, "merci Captain Obvious !"). Fabrice est le plus grand fan de Johny. Un soir, alors qu’il rentre ivre chez lui, il reçoit un violent coup au visage. A son réveil, il semble propulsé dans un autre monde où Johny Hallyday n’a pas réussi à percer. Fabrice tente alors de faire vivre son idole, de le manager et de faire de lui ce qu’il aurait du être : l’idole d’une génération et de tout un pays…
Bon, qu’on se le dise, l’histoire est un peu originale et à quelques mérites. Il y a bien quelques longueurs. Un tiers du film m’a semblé de trop et c’est vous dire combien j’ai trouvé le temps long pendant 90 minutes…
Le film a mal vieilli mais la mort de Johnny Hallyday lui a donné une sorte de fraicheur et d’actualité qui pour plusieurs années encore rendra ce film sympathique.
Luchini a une phrase justifiant que Johny était de son vivant une star, une icône : « Vous connaissez Johnny Hallyday ? ». Le fait que chaque passant réponde « Non ! » est significatif du caractère fictionnel et presque prémonitoire de la ferveur populaire manifestée à sa mort. Tout le monde connaît Johnny Hallyday. Chacun peut bien en penser ce qu’il veut, moi-même, j’avoue m’en moquer allègrement et m’être satisfait d’avoir échappé pendant deux semaines à ce vaste hommage médiatique. Nous connaissons tous un film ou une chanson de lui.
Et après ? Un 6 pour saluer un mec que tout le monde connaît ?!
Non, un 6 pour saluer son jeu d’acteur. Un jeu assez bon, ironique, presque léger et sans exagération, qui se moque volontairement de lui sans se caricaturer. Voilà qui est plaisant et quelque part surprenant. Un jeu d’acteur qui nous rend tout à coup Jean-Philippe Smet extrêmement sympathique.
A l’inverse, le personnage de Fabrice est envahissant, trop bavard, tant est si bien qu’il en est épuisant. A décharge, il me semble que ce jeu renvoie à l’image que Fabrice Luchini a donnée de lui-même dans les années 80-90 et qui lui colle aujourd’hui encore à la peau. Notons cependant que Luchini porte quelque part tout seul le film et contrebalance l’image de calme extrême de Johny Hallyday qui semble sous prozac…
Jean-Philippe est un film qui vieillit mal, long, sans réelles recherches mais que les acteurs sauvent par des jeux opposés et efficaces.
6