La montagne est la moëlle de cette terre.

Jeremiah Johnson, dégoûté par la guerre de Sécession, veut devenir trappeur. Il achète une carabine Hawkin 30 mm et part vers les montagnes. S'ensuit un voyage picaresque en territoire crow.


Jeremiah rencontre d'abord un Indien qui sait pêcher, alors que lui non. Il tombe sur le cadavre gelé d'Hatchet Jack, qui lègue son fusil Hawking 50 mm à qui la trouvera, priant que ce soit un blanc. Puis Bear Claw, un vieux trappeur chasseur d'ours un peu fou, qui l'initie à la montagne à la dure. Offre une peau de daim à Paints-his-shirt-red. Reprend son errance, tombe sur une ferme récemment ravagée par les Indiens, dont ne restent que la mère, devenue folle, et un enfant mutique. La mère confie l'enfant à Jeremiah. En chemin, ils tombent sur Den, un chauve à la paupière amoché enterré dans le sable par les Indiens. Ils le sauvent et l'aident à récupérer son cheval et ses peaux dans le campement indien endormi, mais Den succombe à une frénésie de meurtre et les tue. Peu après, la petite troupe est arrêtée par les Flatheads, des Indiens christianisés par les missionnaires blancs, qui parlent français. Jeremiah offre au chef les scalps et les chevaux des Indiens tués par Den. Piégé par le potlatch, le chef doit lui offrir sa fille, Swan. Jeremiah repart avec une femme, ils ne parlent pas la même langue et il déteste le pemmican qu'elle lui cuisine. Mais ils finissent par s'apprivoiser, et construisent une cabane et un foyer. Mais des tuniques bleues passent, réquisitionnent Jeremiah comme éclaireur. Il remplit sa mission, mais à son retour sa femme et le garçon ont été tués par les Crow. Jeremiah prend ses fusils, son pistolet et tue 5 Crows à lui tout seul. Désormais sa vie est une errance, et les Crow envoient à sa poursuite un Indien après l'autre pour le tuer. Il retourne à la ferme de la femme folle, apprend qu'elle s'est laissée mourir sur les tombes de sa famille, et que sa ferme a été reprise par un colon. Il recroise aussi Bear Claw, chassé de sa cabane par une avalanche et la raréfaction des ours. Enfin, il retombe sur un Indien, et le salue.


C'est un film de 2 h, avec une ouverture de 3 mn avec une image fixe et un thème western lyrique très prenant et un interlude à 1 h 30. Le film saute délibérément tous les épisodes où Jeremiah passe en ville vendre ses peaux ou se réapprovisionner : tout le film se passe en plein air, dans des paysages de montagne sublime : ruisseaux enneigés, montagnes imposantes, cols embrumés, prairies d'altitudes, forêts de pin bordés de torrent, plaines avec dunes de sable, plateaux livrés au vent... Ha ben tiens, John Milius au screenplay... Je comprends mieux pourquoi les images de nature sont sublimes...


Le film s'attarde beaucoup sur la survie et les gestes de ces hommes qui vivent en pleine nature : comment tuer un faisan d'un jet de pierre, abattre et dépecer un bison, repousser une attaque de loups au couteau, construire une cabane en rondins de bois. C'est un voyage initiatique (à la fin, Jeremiah est une légende). C'est un peu un plaidoyer pour la vie sauvage, mais qui vaudrait en lui-même, sans dénigrer la ville comme foyer de corruption, ou la guerre comme une folie. Au fond, on suit juste un personnage attachant dans ses pérégrinations (Bear Claw l'appelle d'ailleurs "pilgrim")


Sur la question indienne, ce n'est pourtant pas Danse avec les loups ou La flêche brisée. Les Indiens sont une menace, bien qu'ils soient montrés comme fiers et valeureux, et Jeremiah, suite à un drame personnel, devient un tueur d'Indiens. Je pensais le film complétement pacifiste, mais c'est plus compliqué que ça.


Au fond, ce film reflète beaucoup son époque : le mouvement hippie et la tentation du retour à la terre. Pour moi il vaut plus pour son atmosphère sauvage que par son histoire, voire sa morale un peu flageolante. Et c'est déjà très bien comme ça.

zardoz6704
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le 18 juin 2016

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