Le jeu de Gérald (mi-SPOIL)

Bon, pour plus d'expériences, aller voir ce film en famille.
Blague à part, Gerald's Game ou Jessie en VF, énième adaptation filmique de Stephen King, est un bon film qui souffre de gros défauts.

En premier lieu, le film s'articule en 4 phases: l'intro, la partie que j'appellerai "point & click", la partie analyse de rêves, psychanalyse & flashbacks rouges, et enfin la fin (avec supplément, on en reparlera).

Pour le coup, le début est très accrocheur. Acteurs très bons, réalisation froide & distante à la manière d'un bon épisode de Black Mirror, concept qui a le mérite d'être original, vu que je m'attendais à un huis-clos malsain. Ce que j'ai eu ... un peu ...

Une fois, toutes les pièces posées, la partie point & click commence. Globalement, j'avais déjà compris depuis le début le passe passe du verre et l'attrapage de phone avec les pieds (il famoso). Mais, on était qu'à 20 minutes de film, et c'est pas assez pour faire tenir le scénario.

C'est alors que le film passe à la partie pathos et Oedipe mal résolue, partie pour laquelle j'ai du avec tristesse ranger mes dons pour le Cluedo. J'avoue ne pas avoir été sensible à cette partie. L'exemple le plus criant étant que j'ai rigolé plusieurs fois aux dialogues surréalistement défaitistes du mari, n'arrivant jamais à saisir le sérieux des scènes. C'est dommage parce que le propos du film ainsi que les intentions y sont intéressants. La réalisation reflète parfaitement la perplexité et l'errance de l'esprit de l'héroïne qui médite sur sa condition pour revenir plus forte en fin de film. Mais ce type de réalisation est aussi une grande faiblesse du film, notamment lors de scènes en rupture plus brutales ou gores (attaque du chien, moment dissection, tout ça), où les plans restent tout aussi figées.

Enfin, la fin. Elle s'échappe (que de surprise). Et le film aurait certainement dû s'arrêter là. La faute sûrement au scénario original. Les prisons que représentaient la dualité: père-mari / éclypse-bague étaient une thématique bien assez riche pour rajouter quoique ce soit.
Mais alors pourquoi ? Pourquoi rajouter CE personnage qu'on ne connait pas ?
Mise à part pour que Jessie puisse aller à son procès, lui balancer gratuitement une punchline à la face et sortir sur fond de coucher de soleil, musique et générique de fin ? Est-il vraiment à la hauteur des autres bourreaux ? On nous explique rapidement qu'il a tué des gens sans explication sa personnalité, son enfance, sa folie, ...
Cela ne valait clairement pas la métaphore filée sur la Mort pendant tout le film.

En bref, un film original et visuellement réussi aux partis pris esthétiques plus que douteux à certains moments. Le scénario doit suivre à la lettre le livre dont il est adapté. Ceci expliquerai la toute fin mal amenée et les très longs dialogues.

En tout cas, je remercie Kaz1989 pour cette découverte !