Que Jésus me donne le pouvoir de publier cette review

Bon, aller, je me lance, pour la bonne cause.
Cela faisait un bon moment que ce documentaire me tentait, mais j'avais peur de m'ennuyer un peu. Les bondieuseries, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé. Athéiste, darwiniste et antispéciste (on repassera plus tard pour les explications), je suis quand même assez fascinée par toutes les déviances du christianisme. C'est en général croustillant et distrayant, de voir que des gens construisent TOUTE leur vie In the name of Jesus. Donc, intriguée par les critiques lues ici et là, je me suis posée une petite heure vingt pour m'instruire un peu. Car, tout le monde sait plus ou moins qu'une (large ?) part des américains frise l'hystérie lorsqu'il s'agit de religion, mais je n'avais jamais pensé au rôle que les enfants pouvaient jouer là dedans. Plutôt, au rôle qu'on tente de leur faire jouer dans cette nouvelle guerre au nom du petit Jésus. Ok, on est maintenant en 2012, le gouvernement a changé (va changer à nouveau), et les références politiques ne sont donc plus à l'ordre du jour (enfin, je n'en sais trop rien, plus tellement... plus autant... encore pire?). Le fait est que ce qui reste édifiant et très actuel, c'est la façon dont un mouvement religieux parvient à endoctriner des enfants à coup de grands spectacles, de musiques dégueu christian-hard-rock et d'analogies débiles entre les vilains péchés de la vie et des peluches du roi Lion. Et ce qui devient très très désespérant, c'est que tout ça marche, sous l'oeil complice et ému des parents, sautillant et frétillant, s'extasiant et entrant en transe à la moindre invocation d'une "charismatique" pasteur accro à la laque.
Au final, ce qui pour moi est assez paradoxal, c'est que j'ai eu envie de foutre des baffes à tout le monde, de rentrer dans l'église, de prendre le micro, d'hurler à tous ces gosses "aller jouer dehors, faites des cabanes dans les bois, une partie de Qui est ce ?, jeter vous dans un lac tout nus, bougerrrrrr de làààà"... Mais en même temps, j'ai été subjuguée et impressionnée par l'intensité avec laquelle ces gosses absorbent le discours. La vitesse à laquelle leur corps et leur esprit semblent se mouler là dedans, et réagissent, interagissent avec l'assemblée. La manière aussi dont dans ces petites têtes d'une dizaine d'année se construit leur propre histoire, leur propre discours truffé de vérités toutes faites, de phrases sans fondements, ensuite débités avec un aplomb terrifiant face à la camera, puis face à leurs camarades, puis face à de parfaits inconnus en pleine rue. Franchement, à 12 ans, tenir un micro, distribuer des tracts, aller parler à n'importe qui pour lui prêcher la bonne parole... c'est quand même balaise. J'ai lu dans certaines critiques que ce documentaire a un côté "tape à l'oeil". Peut être sans doute parce que ce sont pour une bonne part des enfants qui parlent, agissent, ce qui est forcément déstabilisant lorsqu'on pense au sujet... A mon sens, justement, c'est ce qui rend ce docu absolument bouleversant et dégoûtant : parce qu'on comprend tous qu'il n'y a plus rien à faire pour les trois ou quatre petits chrétiens que l'on suit pendant ces 80 minutes, brain washed comme ils sont.
Shivaree
8
Écrit par

Créée

le 31 oct. 2012

Critique lue 508 fois

8 j'aime

Shivaree

Écrit par

Critique lue 508 fois

8

D'autres avis sur Jesus Camp

Jesus Camp
xUMi
8

Antichrist Superstar

Avec une réalisation intimiste et sans le moindre commentaire, ce docu (j'aurais tellement aimé pouvoir dire docu-fiction, vraiment) vous montre la vie d'Américains évangéliques (merci @knock_knock...

Par

le 23 nov. 2010

32 j'aime

16

Jesus Camp
Before-Sunrise
7

Et dire que certains ont encore peur d'Al Qaida...

Jesus Camp ou comment priver une génération de son Enfance quand on a soi-même peur de mourir et besoin de projeter l'image d'un être supérieur qui penserait, agirait à notre place. Certains mettent...

le 20 sept. 2011

22 j'aime

2

Jesus Camp
Hypérion
7

The Devil goes after the young. Those who cannot think for themselves...

Documentaire d'images et de paroles, sans voix off pour commenter l'ensemble, Jesus Camp nous gifle à coups de tranches de vies de mômes endoctrinés à la sauce évangéliste. Ces images de gosses...

le 10 oct. 2011

20 j'aime

2