Child’s Play adopte la structure du jeu et se focalise sur la naïveté enfantine, faisant de chaque protagoniste un enfant en puissance brutalement plongé dans l’horreur adulte ; la poupée maléfique se mue en contre-symbole, opère une désacralisation du temps et de l’espace de l’enfance où cette dernière se meurt à grands coups de couteau et de vulgarités. Omniscient, le spectateur est, dès le début, placé du côté d’Andy et assiste à son exclusion provisoire des structures sociales au nom d’une vérité qui n’est pas acceptée par les hommes et les femmes ; en somme, il subit à l’instar du jeune garçon la défiance générale, n’est jamais considéré à sa juste valeur, ce qui est source d’énervement et donc d’immersion. Tom Holland a parfaitement compris cela et change sa mise en scène en conservatoire de points de vue, adoptant une steadicam pour accroître l’impression de voir la réalité depuis le regard de Chucky ou de l’enfant. Le rythme est savamment dosé, l’humour des plus savoureux (car le film est très drôle), l’horreur des plus efficaces, sans excès. On retiendra la puissance visuelle et immersive de Child’s Play, œuvre parfaite à la thématique centrale forte : il y a une vérité dans les représentations enfantines du monde. Un bijou du cinéma d’épouvante.