Le précédent film de François Ozon, "Dans la maison" est pour moi l'un des moins réussis de sa filmographie. Celui qu'il nous livre aujourd'hui est par contre le plus intrigant. Et le mot est faible si j'en juge par le silence perplexe qui a suivi le dernière scène de "Jeune et jolie" dans la salle où je l'ai vu, silence suivi par une sortie sans un mot des spectateurs pourtant nombreux, le regard interrogateur et un peu perdu.
L'histoire est simple : une adolescente de bonne famille se prostitue de 5 à 7 après le lycée. Elle ne le fait ni pour l'argent, ni pour le plaisir. Elle le fait, c'est tout tout ! Pourquoi ? Cela aurait pu être le prétexte du film, mais le réalisateur (et scénariste) ne prend pas du tout ce chemin psychologisant, nous laissant nous débrouiller avec les images qu'il a bien voulu tourner. Dans une trame aux aspérités évidentes, il réussit à lisser son propos, sans l'édulcorer pour autant, mais en tenant le spectateur et les personnages à distance de toute interprétation formelle. C'est en soi une performance mais surtout un jeu dangereux auquel il se livre, le public pouvant être déstabilisé par cette perversion ludique à ne vouloir donner aucune clef.
C'est cette déstabilisation que j'aime parce que je suis joueur, comme François Ozon l'est dans tous ses films et surtout dans celui-ci. Il joue comme souvent avec les références cinématographiques (notamment ici "Belle de jour" mais aussi ses premiers courts métrages), avec la sexualité et la représentation que le spectateur peut en avoir, avec les codes de la narration classique et l'empathie que l'on est supposé éprouver avec un personnage principal à l'écran.
Concrètement, il a trouvé en Marine Vacth une interprète idéale, sobre, belle, impénétrable.
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