Point de grosse organisation criminelle ni de ramifications politiques habiles dans Jeunes, désespérés, violents et pourtant il n’a pas à rougir devant les chefs de file du poliziesco dans ce qu’il a de plus malsain. Au contraire, son originalité, à savoir une criminalité juvénile en totale roue libre, ne faitpas dans le compromis et lorsqu’il est question d’illustrer une jeunesse perdue prête au pire, le crayon de Fernando Di Leo, qui signe le scénario, ne fait pas dans la finesse.


A son écriture désespérée Romolo Guerrieri associe une mise en scène contenue, privilégiant l’efficacité aux idées. Il y a bien une course poursuite généreuse qui devrait sustenter les amateurs d’action à l’italienne mais le reste est plus direct, véloce et sans pitié quand il s’agit de dégommer de l’humain, mais toutefois moins inspiré quand il est question de caractériser les personnages et leurs intentions. En dehors des images illustrant le sillage morbide que laissent les trois jeunes derrière eux, on sent que Guerrieri peine à trouver le moyen de raviver l’intérêt d’un spectateur qui tend à somnoler entre deux fusillades.
Rien de bien grave cela dit, bien conscient qu’il a plus matière à faire parler la poudre qu’à flirter avec une intrigue sociale plus développée, l'homme esquive bien vite ses tentatives pour rendre plus denses ses personnages. Si c’est tant mieux pour le spectateur, c’est un peu dommageable pour le film en lui-même qui manque de peu de se faire une place au soleil à la droite des maîtres étalons du genre.


Et ce n’est pas la trop petite présence à l’écran du truculent Milian qui change la donne, même si le bougre régalera ses fans en abusant de la nonchalance qui a fait son succès : le voir faire la leçon à la bourgeoisie italienne en matière d’éducation est, par exemple, particulièrement amusant. En bref, Jeunes, désespérés, violents est un poliziesco qui ne trouve peut-être pas le panache de la trilogie de Di Leo (marrant le clin d’œil d’ailleurs, quand l’un des trois trublions lance « La Mala Ordina »), ni la puissance des meilleurs Elio Petri, mais il est assurément un divertissement carré on ne peut plus agréable.

oso
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le 12 oct. 2015

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