Il y a quelque chose de courageux et crâneur à la fois dans la réalisation en 1942 d’un film mettant en scène des nazis dupés et un postiche d’Hitler, alors qu’à ce moment, la Deuxième Guerre Mondiale est loin d’être terminée. Mais au-delà de cette témérité pleine d’espoir, ‘To Be or not to Be’ est une très bonne comédie.

La principale faiblesse de l’œuvre réside dans sa narration. Dans l’introduction notamment, la présentation des personnages est sommaire, et le montage se presse de nous amener à l’intrigue principale. De même, certains détails scénaristiques aurait mérité d’être plus explicites : la relation entre Sobinski et Mme Tura souffre de quelques ellipses regrettables, tout comme la manière dont il se réfugie chez elle. Dans le même esprit, on aurait aimé que l’implication de l’ancienne troupe de théâtre dans la résistance soit plus claire, d’autant plus qu’on n’a pas forcément eu le temps de se familiariser avec leurs visages. Enfin, le film aurait pu être plus clair quand aux motivations qui pousse le couple Tura à tenter une opération si risquée en dernière partie, alors qu’ils étaient enfin tiré d’affaire.

Heureusement, cet empressement dans le scénario est justifié par l’urgence des jeux de dupes auxquels se livrent les deux camps de protagonistes. Mensonges, déguisements, faux-pas, improvisation, heureux hasards: les rebondissements sont particulièrement malins, et l’écriture est brillante. En prime, la scène de fin est simplement parfaite. A la clé, un casting survolté avec le génial Jack Benny en Joseph Tura, Carole Lombard en trompeuse et irrésistible Maria Tura, ou encore le rôle délirant du Colonel Ehrhardt. Les situations improbables qui tombent sur le colonel de la Gestapo sont hilarantes, et on n’oublie pas de sitôt ses « Schultz !».

En fait, à partir du moment où Sobinski est parachuté, le film ne fait plus vraiment de fausse note, et se révèle drôle, rythmé et se charge même d’une certaine tension sur certaines scènes. Le spectateur prend conscience des enjeux du récit pour la résistance polonaise, et le réalisateur parvient à transmettre l’espoir dans son film de manière intelligente. Par exemple, la voix-off enjouée en introduction ne s’apitoie pas sur le sort des Polonais, mais met en avant la résistance qui s’organise. Et même la happy-end finale ne paraît pas niaise.

Une chouette comédie.
Kroakkroqgar
7
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le 14 avr. 2014

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Kroakkroqgar

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