Dans un Japon alternatif des années 50, un soldat d'élite souffrant de PTSD, Fuse, fait la rencontre de la soeur de la jeune fille qui s'est fait exploser sous ses yeux. Pris au coeur d'une intrigue politique, une question se pose : qui est donc le loup et qui est le petit chaperon rouge ? Qui dévorera qui ?
Jin-Roh, la brigade des loups est un anime japonais mêlant uchronie et thriller politique, tirant vers le film d'espionnage. L'image est belle et l'animation rend avec finesse les émotions des personnages, par ailleurs très réussis, en particulier la relation Fuse/Kei. L'intrigue dans laquelle ils se retrouvent embarqués est bien plutôt bien rythmée même si paradoxalement assez lente, avec des retournements de situations bien fichus.
Mais Jin-Roh possède aussi des faiblesses, en premier lieu ce rapport à la fable du petit chaperon rouge, qui devient une épée à double tranchant. Le film pose certes des questions importantes, sur la bestialité de l'homme, la distinction apparences/nature profonde, et la fatalité. Mais la profusion astronomique de références à la fable et aux loups détruit toute la subtilité du message, c'est bien dommage. On nous le martèle à l'écran jusqu'à nous faire péter la rétine, et ça devient assez pénible.
L'autre gros point faible du film est tout son contexte, qui sonne creux. L'intrigue politique est loin d'être passionnante, ce qui réduit les enjeux. On ne saura jamais vraiment le but de la fameuse "Brigade des loups", l'unité secrète de l'organisation de Fuse. Et finalement, on peut se poser la question : pourquoi en faire une uchronie ? Mis à part le visuel iconique des forces spéciales, il n'y a pas vraiment de raison. On nous sert tout une introduction nous décrivant comment le Japon a évolué, pourquoi la Police de Sécurité Métropolitaine a vu le jour, comment elle se bat contre la Secte, une organisation terroriste... Mais cela semble très sous-exploité et finalement l'histoire aurait aussi bien pu se passer dans "notre" Japon.
Bref, Jin-Roh est un anime divertissant, réussi au niveau de l'intrigue et des personnages, mais à la symbolique balourde et au contexte décevant.