Déjà culte avant la sortie du documentaire, le projet avorté de 'Dune' par Alejandro Jodorowsky a longtemps fait rêver. La vision de l'auteur enfin mis en lumière, on est toutefois tenté de se dire que le projet avorté a plus apporté au cinéma que ce que le film aurait pu accomplir.
Dans 'Jodorowsky's Dune', tous les acteurs du projet parlent de ce film avorté avec enthousiasme et ne cessent de répéter comment l’œuvre aurait pu bouleverser le cinéma. Au fil des explications, il devient clair que cette version de 'Dune' aurait été un navet au même titre que le 'Dune' de David Lynch. Il n'y a aucun doute qu'un casting aussi hétéroclite n'aurait apporter que des performances se cannibalisant les unes les autres, aucun doute que les inconsistances visuelles aurait rendu le visionnage indigeste, aucun doute que le scénario supposément métaphysique n'aurait eu plus rien à voir avec le récit de Frank Herbert. Seul peut-être le producteur Michel Seydoux semble prendre du recul sur une œuvre boursouflée qui aurait probablement ruiné la carrière de tous ses créateurs.
Mais le véritable sujet du film, c'est l'enthousiasme de la création. Alejandro Jodorowsky parle du projet de sa vie avec une énergie débordante et contagieuse qui a eu raison des artistes qui rejoindront son équipe. Le réalisateur est un véritable illuminé à l'anglais malmené, mais qui parvint à rassembler autour de lui des artistes talentueux et à leur transmettre une frénésie créatrice formidable. Dès lors, ce n'est plus vraiment le projet final qui compte, mais l'émulation d'idées qui façonneront la science-fiction pendant des années : c'est à Moebius, Dan O'Bannon, Hans-Ruedi Giger et Chriss Foss que l'on doit ensuite 'L'Incal', 'Star Wars', 'Alien', etc. En ce sens, les 5 dernières minutes du film, recensant toutes les conséquences indirectes du projet sont véritablement passionnante.