Le documentaire tant convoité, qui mettra quand même trois ans à arriver sur les écrans non festivaliers, a de quoi interroger sur l'ambitieux travail d'un homme modeste.
Le début commence d'ailleurs par nous faire l'apologie de ce grand artiste qu'est Alejandro Jodorowsky, sans oublier ce grand film qu'est (ou pas) Dune. Je ne suis pas contre la présentation du personnage, qui décrit assez bien son côté surréaliste et peut être avant-gardiste car non cloisonnant, mais la première demi-heure m'a semblé un rassemblement pur d’hypocrites à la gloire de Jodorowsky, ce que j'ai eu du mal à encaisser.
Et puis vient le début du projet, peu importe si Jodo ne connaît pas Frank Herbert, car comme il le dis lui-même il viol carrément Dune, pourquoi pas, après tout s'approprier un projet peu amener de grandes œuvres. Ce qui a du mal à passer c'est la mégalomanie du personnage, alors certes il vaut mieux avoir un leader de ce genre pour mener le projet à terme (qui n'a pas été fait au final). Le problème c'est qu'on est trop dans la complaisance, dans la magnificence d'un tel projet, avec certes des choix audacieux pour s'entourer des meilleurs. Faire intervenir Winding Refn n'apporte rien, le frenchy au chapeau est tellement cliché et j'ai beaucoup ri du professeur d'arts martiaux français.
Fort heureusement, la réalisation du documentaire montre cette ego pour mieux faire valoir la grandeur d'un projet qui ne pouvait être qu'avorté. Aussi la claque subit par Jodo montre une autre facette de l'artiste, entre l'homme vaniteux refusant d'abandonner son bébé à d'autres et l'artiste refoulé à cause de l'audace de sa personnalité. Car quoi qu'on en pense Jodorowsky, aussi imbuvable semble-t-il être, a l'art dans le sang, loin de sombrer dans les conventions pour aboutir à son Dune et restant fidèle à ses excentricités, même si son nom doit tomber dans l'oubli.
Et puis il faut reconnaître que beaucoup de ses idées transpirerons dans des œuvres cultes du cinéma de science-fiction, même si je reste réservée sur cette partie se voulant comme le créateur ultime d'une grande part de séquences cultes, freinons l'ego les amis.
Le projet aura du moins permis l'essor plus important de nombreux talents reconnus dans l'équipe que Jodorowsky a constitué pour son œuvre.
C'est donc en demi-teinte que j'en ressors, entre personnalités fantasques, projet fou, se croyant au dessus des autres alors que le film ne verra le jamais le jour. La faute aux studios ? La faute à la mégalomanie d'un homme ? Ou à l'oubli de la personne la plus importante pour que le film devienne une œuvre de culture populaire : le public ?