En pleine nuit, John Wick se fait homejacker et piquer sa bagnole par une bande de russes peu fréquentables. L’homme déjà meurtri par le décès de sa femme doit en plus subir celui de son chien, dernier cadeau de madame, lors de cette effraction. Pas de chance pour la mafia russe new-yorkaise car Wick est un tueur machinal et renommé qui avait pris sa retraite il y a peu. La vengeance sera terrible car l’homme n’a plus rien à perdre.


Keanu Reeves fait partie de ces acteurs classieux en apparence mais sans le moindre charisme à la première réplique récitée. Le syndrome Reeves pourrait très bien s’appliquer à Christian Bale ou Ryan Gosling. Autant cela marche une fois, la plupart du temps la première, qu’il est bien difficile de se forger une carrière solide derrière avec un tel manque d’émotions. La preuve est que depuis la trilogie Matrix, Néo n’a plus jamais retrouvé le haut de la scène et ses quelques tentatives ont lamentablement échouées (l’échec violent de 47 Ronin par exemple).


Dans John Wick, l’acteur américain tente de se refaire une santé dans un rôle finalement très proche de son caractère stoïque. Il est extrêmement élégant dans ses costards, le regard ténébreux et les cheveux en pagaille mais son rôle de tueur à gage n’est plus à l’aise quand il s’agit de parler. Son truc, c’est la bagarre ! Ca tombe bien puisqu’aux commandes du film, on retrouve deux cascadeurs renommés qui tentent une première réalisation. Là où on pensait le genre vu et revu, nous sommes forcés de constater qu’il y a une réelle envie de montrer autre chose. On se délecte de la sève du film d’action dans des combats très bien chorégraphiés et assez impressionnants. Reeves a subit un entrainement de choc pour apparaitre le plus souvent à l’écran. En plus, la caméra au poing n’est pas au rendez vous ce qui permet de profiter de moments de grâce tout de même bien violents. Les gunfights ont un air réaliste puisque les bruitages pétaradent le moindre flingue sorti.


L’autre tentative de donner du cachet à John Wick est l’effort constant de vouloir montrer des images stylées. La mise en scène ne casse pas trois pattes à un canard mais les effets de style avec les jeux de lumière et cette omniprésence de la couleur noir le différencie d’un film d’action lambda.


En dépit de tous ces points positifs, on garde un paquet de stéréotypes du genre. Cela donne parfois l’impression de se retrouver devant un film d’action du dimanche soir sur TF1 (on ne va pas dire NT1 pour être sympa): les méchants russes castagneurs et buveurs d’alcool, l’histoire de vengeance d’une banalité monstre, la bande son en générale sympa mais envahissante. La douleur du héros après la mort de sa femme est vachement convenu et rapidement expédiée, sans parler de l’élément perturbateur nawak qui est l’assassinat de son cher toutou.


Le plus décevant dans cette histoire c’est qu’elle prenait un bon rythme jusqu’à la partie dans la boite de nuit. Une fois cette scène terminée, plus aucune n’est au même niveau, ni même le combat final décevant. Il y a bien quelques moments de second degré bien placés qui font sourire à l’image de l’hôtel des tueurs à gages ou les nettoyeurs de scènes de crimes mais on finit par trouver le temps long. Pourtant le film ne dépasse pas les 1h40.


La carrière de Keanu Reeves au cinéma ne redécollera pas avec John Wick. Pour autant, le duo de réalisateurs profite de leurs expériences de cascadeurs pour mettre en scène des combats de haute volée. La volonté de faire un film d’action esthétique est là avec une photographie pas dégueulasse du tout mais le genre touche une fois encore ses limites à cause de méchants pas super convaincants et une histoire bien moyenne qui tend à s’éterniser. Un bon divertissement cependant que les amateurs de Néo et d’action devraient apprécier pour peu que l’on ne s’attende pas à des merveilles.

ZéroZéroCed
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le 24 sept. 2016

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