"I've lost everything... That dog was a gift from my dying wife". Comme beaucoup je pense, j'ai éclaté de rire en entendant cette phrase dans la bande-annonce de "John Wick". Alors pourquoi je me retrouve à aller voir ce film le jour de sa sortie ?
Beaucoup d'éléments dans cette bande-annonce reprenaient des clichés du film d'action, en les poussant aux frontières de la parodie (voire un peu au-delà), et pourtant il s'en dégageait quelque chose d'irrémédiablement badass.
Ca semblait être un bon plaisir coupable, il y a Keanu Reeves dedans ainsi que tout un casting insolite par son prestige, et les aperçus du film et la toute première critique trouvable sur internet, étonnamment enthousiaste, annonçaient des scènes d'action réjouissantes.
Même le slogan français, "Surtout ne l’énervez pas", digne d’une série B des 80’s avec Chuck Norris, n’a pu me retenir d’aller en salle.

L’aspect le plus débile de l’histoire telle qu’elle était présentée dans la bande-annonce rend mieux dans le film en lui-même : Juste après l’enterrement de sa femme, John Wick reçoit un chien accompagné d’une note de la défunte, disant qu’elle lui lègue un être qu’il pourra aimer. Une jolie idée.
Mais le film ne traîne pas, dès le lendemain, Wick croise la route de Russes (ces éternels ennemis de l’Amérique) mafieux, dont aucun n’est joué par un acteur Russe d’ailleurs, qui veulent récupérer sa voiture. Le soir-même, ils la lui volent, et butent le chien.
Là, John Wick s’énerve. Et, oui, tout le massacre qui s’ensuivra dans le film, c’est à cause de ce cabot.
Keanu Reeves, tant que son rôle ne requiert pas qu'il rie (cf ce moment désastreux dans Man of tai chi, qu’il a lui-même réalisé), reste efficace dans le rôle du héros sombre et grave.
Le scénario fait tout pour que John apparaisse comme un putain de badass, la répétition de son nom tout au long du film est telle que ces deux syllabes, "John Wick", ne semblent plus désigner un homme mais une entité, dont la seule évocation suffit à en faire frissonner certains. Et vu tout ce qu’on nous raconte sur le personnage, c’est limite si on ne nous sort pas des "Chuck Norris facts" version John Wick.
Il y a effectivement là-dedans un côté parodique, mais toutes ces répliques coup-de-poing à propos du protagoniste, elles sont d’une exagération fun, elles relèvent d’un mélange de débilité et de coolitude génial, qui se rapproche des films d’action des 80’s.
On en fait des tonnes, et c’est ça qui est bon, on va au-delà du réalisme et de la logique ; pourquoi est-ce que John aurait enterré sous du béton une caisse d’armes, chez lui ? Tout ce qui justifie ça, c’est l’intérêt de le voir défoncer le sol, pas content.
Quoi qu’il en soit, le film assume ce côté comique, avec de grosses touches d’humour, pas bien fines, mais qui font à chaque fois ricaner.
Le scénariste se permet du coup quelques fantaisies, en inventant un milieu underground de tueurs, qui ont leur refuge commun, leur service spécialisé dans le débarras de "déchets", etc. Un envers du décor amusant et intéressant à voir.
On découvre que le méchant se sert d'une église comme couverture, et au sous-sol, il garde son argent et tous les éléments qui lui permettent de faire chanter des gens importants... par contre ce qui est absurde, c'est qu'il n'en a fait aucune copie ailleurs.

J’avais eu quelques inquiétudes en voyant qu’il s’agit du premier film dirigé par les deux réalisateurs, qui étaient auparavant des cascadeurs et chorégraphes. Bon, la mise en scène n’est pas mauvaise, il y a une ou deux idées dans la forme, une originalité un peu kitsch avec ces sous-titres disposés dans l’image, avec certains mots comportant un effet de brillance. La seule chose que je reproche, c’est cet étalonnage bien trop appuyé : image automatiquement grise ou bleu foncé pour les scènes dramatiques… mais c’était bien pire dans la bande-annonce, qui ressemblait à une illustration de la chanson d’Eiffel 65.
Je pensais en tout cas que l’avantage avec ces réalisateurs, ce serait une mise en scène qui met en valeur des chorégraphies de combats élaborées. J’ai été déçu de ce côté-là, les scènes d’action ne sont pas si nombreuses, et pas si dingues que ça. Difficile de passer après The raid 2 cette année, forcément.
Par contre, la violence est bien sauvage, ça fait du bien de voir un film d’action Hollywoodien qui ne soit pas PG-13. Le découpage des scènes, au final, met surtout en avant la qualité des trucages, avec cette scène de lutte qui dure, et qui se termine par du poignardage, sans coupe au montage, ou tous ces coups de feu dans un crâne chauve ou un torse nu. Le sang est en CGI, mais il est suffisamment bien fichu.

John Wick n’est pas le film d’action spectaculaire que j’attendais, mais est au moins un divertissement très agréable.
Fry3000
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le 29 oct. 2014

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Wykydtron IV

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