John Wick premier du nom avait pris tout le monde par surprise avec son pitch con comme la lune mais complètement assumé, sa mise en scène classieuse, des chorégraphies spectaculaires qui faisaient la part belle au "Gun-Fu" (mélange détonnant de jujitsu et de tirs dans la tête à bout portant !) et le charisme magnétique du personnage éponyme dont l'inexpressivité et le spleen n'avaient d'égal que sa capacité à empiler les cadavres à un rythme stakhanoviste. Le métrage a progressivement acquis une aura culte et son héros a été propulsé au panthéon des badmotherfuckers qu'il convient de ne pas faire chier, devenant même une icône pop au passage (nombreux sont les petits malins à avoir pomper son swag meurtrier hein SCH ?).
C'est donc logiquement qu'une suite a été mise en branle et force est de constater que ce nouvel opus applique scrupuleusement le mantra " harder, better, faster , stronger" pour notre plus grand plaisir !
Fort de moyens plus conséquents, ce chapter 2 prends le parti de développer et de multiplier par deux (par trois voire par quatre concernant le nombre de morts) tout ce qui faisait le charme du premier : plus de tôle froissée, plus de gunfights, plus de mises à mort jouissives, plus de décors ultra-stylisés, plus de personnages qui semblent tout droit sortir d'une oeuvre de Mark Millar renforçant au passage la dimension comic-book live de l'ensemble... ça n'a l'air de rien dit comme ça, mais les suites à faire preuve d'une telle générosité avec le spectateur sont devenues une denrée rare !
Par ailleurs, le métrage confirme les qualités formelles aperçues dans le précédent et marque la naissance d'un cinéaste à suivre de prêt.
En effet, à l'instar de son collègue David Leitch avec qui il a co-réalisé le premier épisode, Chad Stahelski est un ancien cascadeur reconnu (c'est lui qui doublait Keanu Reeves dans la trilogie Matrix et dans d'autres blockbusters) et en conséquence il a du respect pour le travail de ses anciens collègues et une aversion salvatrice pour la shaky-cam, le cancer du cinéma d'action depuis bientôt deux décennies. Ainsi, il privilégie au maximum les plans longs et larges pour magnifier des chorégraphies qui atteignent ici des sommets de classe et de brutalité , conférant au film des allures de ballet meurtrier.
Non content de filmer des morceaux de bravoure mémorables, Stahelski crée aussi une esthétique singulière et baroque qui exploite à merveille les différents environnements : on pense notamment à cette fusillade superbement éclairée dans les catacombes romaines, à cette course poursuite en forme de beat'em all dans le métro New Yorkais ou à ce final hypnotique dans une galerie des glaces.
John Wick Chapter 2 est donc un film réalisé par une équipe amoureuse du genre et plus largement du septième art, et dont on ne peut que saluer la fabrication rigoureuse.
Par ailleurs, le scénario a toujours le mérite de ne jamais se prendre au sérieux avec ses dialogues nanardesques qui fleurent bon les années 80 ce qui n'empêche pas l'univers déployé sous nos yeux d'avoir un certain charme malgré quelques errements (Laurence Fisburne ne sert à rien si ce n'est à faire un clin d’œil opportuniste à Matrix).
Enfin, il convient de s'incliner devant la prestation de Keanu Reeves dont l'abattage force le respect à plus de 50 berges : John Wick est définitivement et de très loin le meilleur héros d'action qu'il a incarné et son investissement physique se ressent à chaque plan (Reeves a passé des heures à s'entraîner au maniement des armes à feu et ça se voit !).
A une époque où le cinéma d'action se vautre dans la médiocrité (cf le pathétique XxX 3 ou plus de la moitié des films de super-héros récents) et où les reboot, sequelle, prequel et autres spin-off sont légions, John Wick 2 est un film qui fait du bien et qui redonne (un peu) foi dans la capacité de l'industrie hollywoodienne à se surpasser et à ne pas se foutre de la gueule du spectateur !
Il paraît que certains pensent déjà à porter les aventures du tueur le plus stylé de la décennie à la télévision : c'est une connerie à mon humble avis...en revanche vivement l'épisode 3 nom de dieu !