Suite au succès du premier volet sorti en 2014, le réalisateur Chad Stahelski, le scénariste Derek Kolstald et l’acteur principal Keanu Reeves ont tous décidé de prolonger les aventures lucratives de leur héros. Dans ce second volet, intitulé sobrement JONH WICK CHAPITRE DEUX , Stahelski, cascadeur de métier, poursuit son travail d’expert et livre quelques séquences d’action à la virtuosité technique avérée : toutes les figures du genre y passent – combats à l’arme blanche, gunfights, courses-poursuite et arts martiaux, l’ensemble filmé dans des chorégraphies tendues, pragmatiques et spectaculaires (la séquence d'ouverture est impressionnante). John Wick ne fait pas dans la fioriture, il cherche à faire mal et à tuer (souvent par headshot). C’est cette dimension vidéo-ludique qui fait le charme mais aussi la limite d’un film comme JONH WICK CHAPITRE DEUX.


Dans un univers aussi fantasmé (des voitures magnifiques, des armureries incroyables, des types plus badass les uns des autres), le spectateur adepte des jeux de combats, des séries metal gear, GTA et autres Counter-strike, prendra littéralement son « pied » : John Wick se baladant dans des décors, plus beaux et sophistiqués (les catacombes à Rome) à chaque nouveau niveau, en y affrontant à leur issue des soi-disant « boss » (le duel contre Common dans le métro est le plus réussi du film). Et que dire de cette pseudo-mythologie autour de la confrérie des assassins qui vit de ses propres règles, ayant sa propre hiérarchie et sa monnaie venue d’une autre époque. Tout dans JOHN WICK CHAPITRE DEUX est conçu pour satisfaire l’adolescent geek qui sommeille en nous.


L’exercice de style atteint une sorte d’apothéose lorsque le film commence à revisiter la scène des miroirs de l’Opération Dragon (1973) avec Bruce Lee. Les références sont là (en particulier le cinéma hong-kongais de John Woo), l’humour à base de catchphrase aussi ainsi que les "belles tronches" avec ce formidable casting (John Leguizamo, Peter Stomare, Common, Lance Reddick, Ian McShane, Riccardo Scamarcio, Franco Nero et Laurence Fishburne). Il y a là tous les ingrédients d’une série B aussi savoureuse que corrosive. Bien que Keanu Reeves soit toujours en délicatesse avec son jeu, le quasi mutisme de son personnage lui permet même de passer entre les gouttes. Et fort heureusement, le film ne s’acharne pas sur les « traumas » de son personnage avec, au total, qu’un seul flashback de lui et sa défunte femme au bord de la mer (ouf !). Car il ne fallait absolument pas tomber dans le piège et faire poindre une possible épaisseur psychologique à un héros dont le credo est de vouloir tuer tout le monde.


Au final, le film bâtit de son ambition, et au bout des deux heures de projection, certaines chorégraphies (surtout ceux en corps à corps) deviennent un brin redondantes. Mais pour un film d’action à 40 millions de dollars de budget, JOHN WICK CHAPITRE 2 s’en sort haut la main tant il fait preuve de soin dans l’élaboration des séquences d’action, visuellement esthétisante (choix du cadrage, du mouvement de caméra, du plan-séquence, etc.) mais à l'efficacité redoutable (un génocide digne des plus belles heures de Rambo), et qu’il s’évite certaines maladresses scénaristiques pour se focaliser sur l’univers, si passionnant soit-il, de la confrérie des assassins.


Mais il ne faudrait pas qu’un John Wick, troisième du nom et du haut de ces 60 millions ou plus, ne vienne caricaturer son héros à la mine patibulaire, tant les clichés et les ficelles scénaristiques semblent être à porter de tir. Être conscient de son statut et de sa portée essentiellement ludique doivent lui permettre de rester à sa place, aujourd’hui si singulière à Hollywood. C’est un équilibre difficile à tenir tant aujourd’hui les scènes d’action, tournées en décors réels avec de vrais cascadeurs et parfois mêmes avec les stars, demandent des moyens colossaux (supérieurs à des CGI). Mais c’est à ce prix que la série B conservera sa valeur (rester interdite aux moins de 16 ans car cela reste généralement très violent) et ne tentera pas de nous vendre, comme c'est le cas ici, une montre de luxe à chaque panneau publicitaire ou chaque plan de comptoir de bar, voire de serrage de mains entre deux types en costard trois pièces.


Par Antoine pour Le Blog du Cinéma

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le 23 févr. 2017

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