Il m’a fallu revoir dans la foulée le tout premier « John Wick » pour comprendre pourquoi…
Oui, pourquoi en regardant ce troisième opus baptisé « Parabellum » j’ai à ce point ressenti un picotement dans le fondement.


Parce qu’à première vue la philosophie de ces deux épisodes semble la même : esprit série B totalement assumé mais le tout traité malgré tout avec une apparence de sérieux ; esthétisation d’une violence qui explose de manière brute comme une tension trop longtemps contenue ; exploration d’un monde de plus en plus rocambolesque au fur et à mesure qu’on avance derrière les tentures pourtant peu engageantes des bas-fonds…


« John Wick » premier du nom – même s’il était loin d’être parfait – avait au moins le mérite de fonctionner dans sa propre logique, mais là…


Déjà – premier souci – c’est quoi cette photographie hideuse ? Je sais bien que le premier opus n’était pas non plus exempt de tout reproche à ce sujet mais là c’est « Wooooooh ! » Entre une des contrastes photographiques excessifs qui rendent les effets de lumière absolument ignobles d’un côté et une teinte qui part vers un mélange d'orange « banga » et de bleu« Mr. Freeze » des plus vomitifs, on atteint déjà là une bonne raison de se crisper l’anus.


Mais à ce premier problème s’en rajoute un autre qui est, je pense, beaucoup plus ontologique. Car, à mon humble avis, le simple fait de faire une suite à « John Wick » est en soi une certaine forme de non-sens.
Dans l’absolu, un « John Wick » ne peut se faire qu’une fois. Le plaisir de voir le masque tomber et la violence monter jusqu’à un paroxysme final, ça ne peut pas tenir sur trois films.
D’une part on ne peut pas retrouver le plaisir de cette situation initiale et d’autre part c’est qu’à trop monter dans les tours, la saga finit par perdre le fil de sa démarche. C’est en tout cas ce que j’ai clairement ressenti dans ce « John Wick Parabellum ». Autant l’introduction a su préserver un certain intérêt à travers cette promesse en suspens de grand déferlement de violence, autant la fin du compte à rebours et l’entrée pleine et entière dans la phase « tatanes à outrance » a vite montré ses limites.
Sur les deux premières bagarres on peut encore se rabattre sur une volonté réelle de chorégraphie assez originale et travaillée, mais passé cela, la répétition l’emporte, noyé qui plus est par un rythme totalement asphyxiant. Comme je le disais plus tôt, la force de « John Wick » premier du nom, c’était de savoir poser ses scènes d’action comme des explosions libératoires après des minutes entières de frustration et de contenance.
Là, à part lors de son introduction, le film ne sait plus ménager ces moments de respiration indispensables à tout film d’action.


Ça n’arrête pas.
C’est usant à la fois pour le spectateur, et surtout c’est aussi usant pour le casting.
Le pauvre Keanu Reeves est, dès le départ, totalement aux fraises physiquement parlant. Il est lent, lourd et rigide. Les autres chorégraphes sont parfois obligés de marquer de micro-arrêts pour l’attendre dans leurs enchainements.
Toute l’esthétique de la démonstration tombe à plat, surtout que la mise en scène se décharge parfois lâchement dessus. Les plans-séquences, notamment sur la scène de fin, sont des moments assez douloureux à voir.
Voir des papys gémir pendant des minutes entières alors qu’ils essayent de faire leur cascade, c’est assez pathétique comme spectacle.


Et on ne va se mentir : à ce niveau là, la longueur hallucinante de ce film (plus de deux heures) rajoute à la sensation de purge. Les minutes s’égrainent et nos esprits se questionnent alors à grands coups de « pourquoi ? » Pourquoi tu pars au Maroc si c’est pour ensuite revenir à New-York ? Pourquoi la scène finale dans l’hôtel Continental est-elle aussi longue ? Pourquoi Lawrence Fishburne ? Pourquoi tous ces détails fumeux qui ne servent à rien dans l’intrigue et surtout pourquoi...


Marc Dacascos, une fois mort, revient à la vie une petite minute juste le temps d’alimenter un échange incroyablement naze ?


Mais oui : pourquuuuuuuuuuuoi ? Ce film est allé tellement dans l’absurde et l’ignominie (rolalah ces sous-titres de couleur !) qu’il n’en est même plus drôle. Il devient juste douloureux. Franchement, cet acharnement sur cette licence et sur ce pauvre Keanu Reeves n’a vraiment aucun sens. J’espère sincèrement qu’après ce « Parabellum » on n’osera plus poursuivre cette intrigue sans fin et sans intérêt.
Argh ! Par pitié ! Arrêtez…

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le 18 juin 2019

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