Je l'avais vu il y a longtemps, gardant en mémoire le visage unique, voire impressionnant de Joan Crawford, dans le rôle de l'aventurière, l'étrangère qui fascine : Vienna, tenancière d'un saloon isolé dans la montagne.


J'ai retrouvé ce même sentiment à la deuxième vision, la même impression de tension extrême, y compris dans les scènes plus intimes entre les deux amants : une passion exempte de tout abandon, où la tendresse affleure sans percer vraiment.


Un western qui a fait date, unique en son genre, où la rivalité entre deux femmes mène le jeu : cette haine viscérale, on la lit sur le visage d'Emma, riche propriétaire qui draine à sa suite les notables du village, et qui n'a de cesse de rendre Vienna responsable de tout, y compris de la mort de son frère ou de l'attaque de la banque.


Joan Crawford y est impériale, femme forte et indépendante : un film fait pour elle comme l'étaient ceux de Sternberg pour Marlene Dietrich, et une réflexion sur l'amour qui passe par de faux aveux, des questions ou des réponses qui n'en sont pas, illustrée par de superbes dialogues qui ne tombent jamais dans le sentimentalisme.


Un film réalisé en True Color, ce procédé tant décrié, mais dont le cinéaste a tiré le meilleur parti, jouant sur le contraste entre le blanc et le noir, qu'illustre cette scène quasi irréelle, dans laquelle on voit Vienna tout de blanc vêtue, jouant du piano, seule dans sa caverne, face à la meute en noir qui se presse à la porte, Emma en tête, le visage déformé par la haine, immobile mais à l'affût.


Un western à part , une réalisation unique.

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le 1 août 2011

Modifiée

le 16 sept. 2012

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Aurea

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