Ce n’est pas un thème facile à traiter. Comment rire du nazisme ? … Eh bien c’est simple, il faut d’abord ridiculiser les personnages qui incarnent cette idéologie. Ensuite, on extrait les idées les plus horribles et on les pousse à leur paroxysme pour que l’on ne puisse plus les prendre au premier degré. C’est tellement gros, les remarques sont tellement abjectes, impensables et surréalistes que l’on prend assez de distance pour en rire.
C’est un mécanisme classique dans l’humour, moins au cinéma. Ce n’en est pas moins un sport dangereux car pour peu que l’on se rapproche un peu de la réalité, pour peu que l’on n’outrepasse pas les limites de la décence, les idées racistes absurdes deviennent des idées seulement racistes et on ne rit évidemment plus.


Globalement, tout fonctionne : le film est touchant et très drôle, particulièrement le capitaine Klenzendorf joué par un Sam Rockwell hilarant.
Je n’arrive pas à lui trouver de réel défaut : même la présence d’Hitler en meilleur ami imaginaire de Jojo (qui aurait pu être casse-gueule) est réussie et renforce le comique des situations.
Mais ce film ne plaira pas à tout le monde car c’est un film radical dans sa forme : il garde toujours le même humour et les mêmes schémas, ce qui peut vite lasser ceux qui n’accrocheront pas totalement au concept.


Ce qui en fait un film brillant à mes yeux, ce sont les multiples références et messages cachés.
Déjà, tous les personnages masculins (le perso principal inclus) sont ridicules et les seuls personnages forts du film sont deux personnages féminins (Rosie et Elsa).
Ces deux personnages sont d’ailleurs intéressants : Rosie nous rappelle l’innocence et le courage face à la barbarie (- Tous les allemands ne sont pas nazis. - Oui, je connais cette théorie) et Elsa fait réfléchir Jojo et nous dans le même temps sur notre volonté d’être reconnus, d’appartenir à un groupe. Mais à quel prix ?


Bref, Jojo Rabbit est un film singulier qui m’a surpris par sa pertinence et sa justesse, en plus du parti pris étonnant mais réussi !


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leo_d
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le 22 févr. 2020

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Léo D.

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