Jojo Rabbit, le bonheur avec un grand J !

Depuis qu'il fait ses sketchs en Nouvelle Zélande, depuis Vampires en toute intimité, et ses autres pépites telles que Eagle vs Shark ou le superbe Boy, je suis Taika Waititi de très prêt, mort de rire (vous noterez la qualité de ce jeu de mot, sachant qu'il a réalisé un film sur une coloc de gens morts, voilà voilà...) à chaque fois et admiratif de son talent de comique et de metteur en scène.

Quand il a été engagé à la réalisation d'un Marvel, on aurait pu croire qu'un réalisateur de talent comme lui allait tomber lui aussi dans les rouages du film à gros budget sans âme (le seul qui n'était pas dans ce cas à ce moment étant James Gunn), et réaliser un film totalement impersonnel. En ressort le film le plus fun, le plus cool, et le plus hilarant du MCU, Thor Ragnarok, encore aujourd'hui mon film préféré de la franchise.

Et là je me suis dit : "ok, toi maintenant, chaque chose que tu feras, je l'attendrais avec impatience".

Et viens l'annonce du nouveau film de Taika Waititi, une comédie (logique), avec des nazis (alors là, ça m'intrigue).
En terrain dangereux comme celui là, on aurait pu croire qu'il aller se vautrer, être maladroit, faire un film qui allait sortir de son propos, sujet sensible oblige.

Que nenni. Une récompense du meilleur film au festival de Toronto, et 6 nominations aux oscars plus tard, je fonçais dans la salle de mon cinéma de quartier pour découvrir en avant première le nouveau bijou du monsieur.

Parce que oui, c'est ça que j'ai découvert, un véritable bijou. Un bijou de comédie, et surtout, de cinéma.

A travers les péripéties du jeune Jojo, enfant allemand fan des nazis, et n'ayant qu'un rêve, rencontrer le furher en personne, à tel point qu'il en fait son ami imaginaire, Taika Waititi dépeint l'absurdité d'un régime, qui embrigadait les enfants et leur faisait croire que les pires cruautés avaient un sens, qui leur faisait croire qu'ils étaient supérieurs, et les autres des monstres.

Toutes ces actions, ce régime, est tourné en ridicule par des jeux d'enfants, des mots d'enfants, et une imagination d'enfant. Les juifs sont des monstres à cornes, à pattes griffues et à la queue de lézard ? Crédible pour un enfant. Faire de la guerre un jeu de rôle où les enfants combattent les monstres ennemis ? Crédible dans les yeux d'un enfant.
Mais c'est d'ailleurs en montrant tout cela par le biais d'un point de vue enfantin, innocent, que tout en devient plus cruel.
Après avoir ri, la cruauté et l’atrocité du régime nazi nous est renvoyé tel un coup de massue.

Mais si, au premier abord, on pourrait penser que le film dépeint le régime nazi comme représentatif de l'Allemagne (on les voit venir les critiques), il n'en est rien. Parce que, très habilement, Waititi nous montre que les allemands, autres que les nazis, ont du coeur, et font tout pour protéger leurs prochains, en témoigne le personnage de la mère de Jojo, interprétée par Scarlett Johansson.

Outre un film qui dénonce une époque, Jojo Rabbit est également une brillante comédie. L'écriture des gags fonctionne du tonnerre, les fou rires s’enchaînent, sans jamais que cela soit trop. Pour tout vous dire, ça fait longtemps que je n'avais pas autant ri au cinéma, à tel point d'être encore mort de rire en repensant à un gag qui a eu lieu 25 minutes avant.

La galerie de personnages est absolument savoureuse, grandement aidée par l'interprétations des comédiens, de Roman Griffin Davis, très juste et drôle dans le rôle de Jojo (un jeune d'une dizaine d'années en compétition avec Brad Pitt lors des Golden Globes quand même !), Thomasin Mckenzie (je ne dévoilerait pas qui est son personnage, pour éviter de divulgâcher, comme c'est dit dans le petit Robert), jeune actrice très prometteuse, Sam Rockwell, brillant et hilarant en général SS sur le déclin, Alfie Allen, très drôle, Rebel Wilson vraiment drôle comme à son habitude, Scarlett Johansson, superbe et toujours plus talentueuse, et enfin Taika Waititi, lui même, qui incarne l'ami imaginaire timbré de Jojo, avec un charisme et une prestance comique comme il y en a peu, vraiment parfait.

Outre une pépite scénaristique, le film est également un bijou de réalisation, avec un très beau sens du cadre, des couleurs, des décors, des costumes, de la musique (ça finit par une version allemande de Heroes de Bowie, comme si j'aimais pas déjà assez le film) rien à redire, vraiment !

Pour conclure (on va pas se mentir, j'ai été un peu long, mais au moins j'ai pu déclarer mon amour à un film, et ça vous fera votre lecture du soir :P), Jojo Rabbit est un film parfait, dans ses ambitions, dans sa forme, dans son fond, dans tout.
Une merveille d'humour, de mise en scène, et de narration.
Un film comme on aimerait en voir tout les jours, encore et encore.

Jojo Rabbit, Taika Waititi, je vous aime, avec un grand J !