Komm, gib mir deine Hand

Quelle brillante réalisation ce Jojo Rabbit. Un film qui m’a arraché autant de rires que de larmes. Le résumer est assez complexe, mais voilà ma petite idée. Prenez le mélange improbable entre, d'un côté, l'univers enfantin et la bienveillance de Moonlight Kingdom (Wes Anderson), d'un autre côté, l'humour et le décalage de Inglorious Basterds (Quentin Tarantino). Ajoutez-y une fabuleuse soundtrack, de délicieux dialogues, des plans très dynamiques (mention pour le close-up en multi-séquence), et vous obtenez la dernière perle cinématographique de Taika Waititi. Mais, trêves de comparaison.

Le film invite aussi à se remettre en question : on y voit la cruauté et la bêtise des nazis. La scène où les enfants brûlent les livres est très troublante, dans une ambiance joyeuse et presque innocente et pourtant, il s’agissait de l’une des stratégies diaboliques de Hitler. Il fallait réduire la culture à néant. Car après tout, moins les gens sont éduqués, plus ils sont faciles à manipuler.

On remarque enfin le contraste avant et après la guerre, quand les Américains ont gagné. Avant, il n’est pas bon d’être juif et après il n’est pas bon d’être allemand. En bref, de quoi changer d’avis (de camp) comme on change de chemise.
Ce qui m’a plu le plus, dans Jojo Rabbit, c’est de voir le film à travers les yeux d’un enfant. Quand il apprend le suicide d’Hitler, on voit la trahison et le sentiment d’injustice, et par conséquent, ça m’a choqué quand on réalise à quel point le lavage de cerveau a été loin. En tout cas, c’est un vrai coup de cœur pour le jeune acteur Roman Griffin Davis. Je n’ai plus qu’à ajouter la citation qui clôture parfaitement le film.

« Let everything happen to you
Beauty and terror
Just keep going
No feeling is final »
― Rainer Maria Rilke