Je pense que si je n'avais pas vu "Parasite", "Joker" aurait été mon coup de coeur de l'année 2019, ma claque, celle que j'apprécie au plus haut point en allant au cinéma. Une claque comme j'ai pu avoir avec "Fight Club", une claque comme j'ai pu avoir avec "Pulp Fiction", "Les Affranchis" ou encore "Old Boy", également issu de la péninsule coréenne.
Oubliez ici les comics, oubliez ici la hype de Heath Ledger et la fanfaronnade de Jack Nicholson. Ici, on s'attaque à la psychologie, la pure et dure. Mais surtout, oubliez Batman.
Car oui, Batman est un personnage indémodable, inimitable et ancré profondément dans la culture pop. Mais on oublie très vite que le Joker, lui, est inégalable.
Inégalable de par sa psychologie, son apparence et sa notoriété. car le Joker a été autant interprété que Batman lui-même. Et, à l'inverse de la chauve-souris, il parvient encore aujourd'hui à surprendre. Joachim Phénix est tout simplement extraordinaire.
Isolé, trahi, paranoïaque, il parvient à réaliser une performance incroyable ; Son rire si propre aux malades mentaux, sa gentillesse si propre aux faibles de ce monde si cruel, sa froideur si propre aux psychopathes.. Il porte à lui seul un film qui ne perd pas le rythme et qui se pose plus en descente aux enfers qu'à une réelle adaptation.
Gotham s'assombrit au fil que la folie s'empare d'Arthur Fleck. La scène du métro, qui est l'une des plus exceptionnelles que j'ai pu voir dans les 10 dernières années, est un véritable tournant dans le scénario et dans l'interprétation du personnage. Car oui, on a du mal à s'en rendre compte, mais le jeu de Phénix est tel qu'il arrive à changer sa personnalité sans que l'on s'en aperçoive. Il parait toujours aussi fragile, mais la folie s'est emparée de lui, au fil du film. Cette scène est tout bonnement incroyable. Le jeu de lumières, le son et les 4 acteurs en scène sont tout simplement parfaits.
La réalisation quand à elle, est froide et sombre, à l'image du scénario. Todd Philipps ajuste bien ses plans, sa musique. Il a réalisé un véritable coup de maître, face à l'ampleur du travail requis pour un tel personnage. La BO est superbe également.
On ressent tout un travail, une lettre d'amour pour l'éternel ennemi de Batman. Joker est une satire de la société occidentale, de l'inégalité sociale des USA, de ce que peut subir le harcèlement quotidien, de cette société abjecte qui n'encouragera jamais quelqu'un qui parait "stupide et trop joyeux" à être une bonne personne. Joker est un cri de colère, un cri venant du fond du coeur, à l'heure ou les tueries américaines, les attentats terroristes et les guerres font la une des journaux. vous avons tous un Joker en nous, et il serait intéressant de ne jamais le révéler.
Empressez vous d'aller voir ce chef d'oeuvre dystopique mais tellement sociologique.