Difficile de se positionner sur ce film déjà tellement commenté.
Je l'ai d'abord trouvé superficiel.
Manichéen, il ne s'épargne aucun des clichés sur l'avidité des élites contre les gentilles classes moyennes-prolétaires opprimés, ni sur la descente aux enfers d'un malade mental jouant uniquement de malchance et qui, à aucun moment, ne bénéficiera de la bienveillance de qui que ce soit. Un souffre-douleur qui devient psychopathe, sans aucune alternative possible.
Robert De Niro est caricatural en animateur de late-show froid et cynique. Un choix assumé mais qui ne m'empêche pas de penser qu'il s'agit d'un vrai gâchis tant le personnage et ce qu'il apporte manquent en profondeur. Le dialogue final entre le Joker et lui n'est d'ailleurs absolument pas à la hauteur de ces deux immenses acteurs.
Joker n'est ni toxique, ni impertinent. C'est une origin story soluble et crédible dans la pop-culture et l'univers de Batman, qui donne un nouveau contenu au méchant préféré de l'homme chauve-souris.
La prestation de Joaquin Phoenix est conforme à ce qu'on sait de lui. Il se donne, il est impressionnant et Joker prouve qu'il est actuellement un des meilleurs acteurs au monde. Sans lui, ce film serait un mauvais film qui se prend trop au sérieux.
La photo du film est belle et on sent très bien l'inspiration scorcesienne du réalisateur dans son traitement de cette partie de la société américaine de la fin des années 1970, début des années 1980. Le côté Taxi Driver du film est agréable, même s'il peut ressembler à une pâle copie.
Merci toutefois au Joker d'enterrer définitivement le lamentable DC Comics Universe.