Je pense qu'il y aura deux GROS films adapté de comic-book que l'on retiendra de 2019 et les deux sont dans une démarche radicalement différentes.
Le premier, c'est Avengers : Endgame, qui est l'aboutissement d'une sorte de transposition cinématographique des cross-over de super héros avec l'univers qui va autour. Le second, c'est Joker qui est la transposition à l'écran du one shot artistique. Vous savez cette technique qui consiste à donner carte blanche un auteur plutôt connoté "underground" pour qu'il utilise une licence célèbre et en fasse quelque chose dans son style (mais déconnecté de toute continuité) : En bd, ça donne The Killing Joke, Arkham Asylum (oui, c'était une bd avant d'être un jeu vidéo) ou en dehors du genre super-héroique, Mickey vu par Trondheim ou Loisel.
Et Joker, c'est ça : la transposition de l'univers de Batman dans le New York des années 70. Oui, même si ça reste techniquement Gotham City : ça a été filmé à New York, ça ressemble à New York, t'as des taxi-jaune partout : C'est New York.
C'est même plus que ça : c'est le New-York-des-films-des-années-70 : une délinquance ultra-visible à la Dirty Harry, les petites frappes que l'on voit à travers le Taxi de DeNiro dans Taxi Driver, les métros hyper dangereux et tentaculaires des Guerriers de La Nuit, le show télévisé (de DeNiro aussi) qui invite des rigolos pour se moquer d'eux qui n'est pas très loin de celui de Network. Au final, je suis assez content d'avoir vu tout ces films, ça me permet de donner un encrage culturel.
Alors, oui, ok, le film flirte aussi avec un constat sur notre société moderne : les services sociaux qui ferment, les gens ayant besoin d'aide qui sont de plus en plus laissé à leur merci, la révolte qui gronde contre les ultra-riches méprisant. Quoique, revoyez Taxi Driver : il y avait aussi une intrigue autour d'un politicien hyper riche qui se présentait comme un sauveur.
C'est là où le film est assez malin en restant dans un entre deux. Son réalisateur aura beau dire que c'est un film sur le lissage par le politiquement correct et l'auto-censure, on peut totalement y lire l'inverse. (Le seul type gentil avec Arthur est un nain qui est victime de blagues discriminatoires.)
Le scénario est assez intelligent pour passer à travers les gouttes et à vrai dire certains y ont lu un film d'extreme droite (parce que lorgnant sur le vigilante movie et le côté poujadiste) et d'autres un truc d'extreme gauche (parce que la société est nul et qu'on y voit une révolution) alors que le film est une nouvelle fois (surprise) l'histoire d'un mec qui se sert du chaos engendré par une émeute pour assouvir un but personnel. C'est même dit noir sur blanc dans le film.
A vrai dire, personnellement j'y allais un peu à reculons, et en fait je m'aperçois qu'effectivement, ça mérite la hype qu'il y a autour : l'image est léché, le scénario reste assez cohérent sur son côté "descente aux enfers" et sur son côté cru et psychologique (ça aurait limite pu ne pas être un film Batman) Et Joachim Phoenix est exceptionnel. Alors, certes, on peut pinailler sur pas mal de trucs (je trouve que le film se regarde parfois un peu trop le nombril et qu'il aurait mérité d'être raccourci) mais ça y est.... DC a enfin produit un bon film (ou un film qui fait consensus sur le fait qu'il est bien foutu.)
Du coup, je me dit qu'ils vont retenter de faire dans le même genre... du coup.... Après Taxi Driver sauf que ça se passe avec le Joker, à quand Requiem For A Dream mais avec l'épouvantail ou Dancer in the Dark mais avec Catwoman ?