Super-vilain de l'univers D.C Comics, le personnage du Joker nait du travail d'écriture et de création de Jerry Robinson, Bill Finger et Bob Kane. Il apparaît pour la première fois en 1940 dans le Comics Batman n°1 et sur grand écran en 1966 sous les traits de César Roméro.
Rapidement devenu emblématique, le Joker se hisse très vite au rang d'Ennemi numéro 1 de Batman et de symbole du mal de la ville fictive de Gotham. Mais qui est-il vraiment ?
Si son origine restera longtemps un mystère, celle qui sera le plus mise en avant au fil des apparitions (qu'elles soient en Comics, cinématographiques ou télévisuelles) sera la chûte du personnage dans une cuve de déchets toxiques, ayant donné au personnage l'apparence qu'on lui connaît (peau blanchie à l'extrême, cheveux verts, lèvres rouge sang), une défiguration qui l'aura fait sombrer dans la folie.
Incarné successivement par plusieurs acteurs de renom, au rang desquels Jack Nicholson, le regretté Heath Ledger ou encore Jared Leto, le Joker verra son identité et son histoire varier mais conservera toujours certains points communs : c'est un génie du crime doté d'une grande intelligence, sa folie est imprévisible, il est à la fois sadique et sanguinaire. Divers points qui associés à une apparence, un sourire et un rire effrayants le rendent vraiment terrifiant.
Après être toujours apparu en tant qu'ennemi de Batman, le Joker a pour la première fois droit à son film, où il est cette fois le personnage principal. Pour relever le défi, c'est Joaquin Phoenix (Gladiator, Signes, La nuit nous appartient...) qui endosse le rôle.
Le film revisite les origines du personnage, s'éloignant des explications déjà connues dans les œuvres antérieures. Il n'est cette-fois pas question d'un événement déclencheur mais d'un parcours, d'un cheminement, d'une histoire. Celle d'un homme perturbé psychologiquement, souffrant d'un désordre neurologique lui causant des rires incontrôlés, qui ne tient le coup qu'au prix d'une forte consommation de médicaments. Celle d'un homme seul et incompris, maladroit dans ses relations sociales, dont la seule véritable compagnie quotidienne est sa mère malade. Celle d'un humoriste raté à l'humour malaisant, dont la carrière ne décolle pas et dont on se moque volontiers.
Mais à travers l'histoire de celui qui deviendra le diabolique Joker, le film dépeint le portrait de notre société actuelle. Coupes budgétaires drastiques dans divers secteurs (santé, social, éducation, justice...), chômage, pauvreté, précarité, rejet des élites et des institutions, grèves, manifestations et mouvements sociaux qui s'amplifient et se radicalisent de plus en plus, pas compliqué de faire le parallèle avec notre triste réalité. Se sentant " oubliés ", de nombreux citoyens se tournent vers les extrêmes, que ce soit dans leurs pensées, leurs actes ou leurs votes... Ce phénomène, si réel en temps de crise, est précisément celui que le film met en avant avec une justesse impressionnante.
La société n'a-t-elle pas sa part de responsabilité dans la création de ses propres monstres ? Le film en fournit la réponse et l'illustre avec force et fracas.
Film considéré par certains comme violent, il en est surtout dérangeant par son réalisme si actuel. Magnifié par la prestation XXL d'un Joaquin Phoenix littéralement habité, Joker frappe fort !