Un superbe western dans lequel Eastwood fait la part belle à ses personnages, notamment celui qu'il interprète, mais n'oublie pas pour autant de divertir son audience en lui offrant des gunfight énervés qui sentent bon la poudre chaude. C'est bien simple, dans Josey Wales, on retrouve tous les ingrédients qui font craquer les aficionados de western : une ambiance sordide mais pourtant bon enfant, une bande son qui ne se prend jamais au sérieux, des trognes salasses qui font sourire, des histoires de vengeance propices aux règlements de compte énervés et surtout une photographie à tomber à la renverse.
Bien entendu le tout baigne dans la sauce Eastwood et notamment sa facilité à composer avec les éléments naturels. En jouant avec les lumières plus qu’à son tour, il met sur pied des ambiances à la fois authentiques mais également presque picturales. Tous les passages glauques de son film sont d'ailleurs accentués par cette volonté qu’il a d'éviter de renforcer la lumière là où elle n'existe pas. En résulte pour le spectateur une difficulté à lire les visages qui le plonge de plain pied dans un monde où les apparences sont trompeuses. Les faciès sont souvent fermés par des ombres très denses, impossibles à déchiffrer, ce qui rend certaines situations surprenantes parce qu'elles sont imprévisibles.
On retrouve aussi ce côté un peu roublard dans la caractérisation même du personnage de Joseph Wales. Maintenu en vie par sa seule soif de vengeance quand le film débute, il a tout de l'homme apathique que plus rien ne peut toucher. Il se moque de ce qui l'entoure, ne laisse plus aucune place au remord, et crache sur tout ce qu'il peut, littéralement ici d'ailleurs — pauvre clébard :D—. Mais le film est aussi l'histoire de la rédemption du personnage, qui lui permet de retrouver un intérêt autre que la colère à utiliser l'oxygène qui l'entoure. Une quête qui prend les traits d'un road trip sous le soleil ravageur du Texas, mutant, à l'occasion des rencontres que fait le pauvre bougre, en buddy movie très divertissant. Mais Eastwood n'oublie pas de teinter sa fable humaniste de moments secs lors desquels la violence ne fait pas de compromis, histoire de rester dans une réalité poisseuse de circonstance. Et c'est tant mieux puisqu'elle permet au film de garder une dynamique captivante, et puis, ne le cachons pas, ce genre de personnages habiles de la gâchette qui dessoudent du salaud comme on se pèle une mandarine, c'est ce qu’on attend d’un bon western.
En bref, une épopée sacrément divertissante mais également très stimulante. On finit les festivités de très bonne humeur, satisfait de ce moment de détente, teinté de sourires, de réflexions humanistes et de très chouettes séquences pendant lesquelles Josey se fait plaisir en dégommant sans vergogne les mâchoires de ses poursuivants. Y a pas à tortiller, ce genre de bobine, ça file la banane.