L’inconduite mène parfois loin. Célestine la pratiquera jusqu’au bout, dans l’instabilité d’émotions contrebalancée par un port de tête hautain, et quoique cette exilée ambiguë devînt hostile à ses maîtres dès le premier son émis par une bouche trop joliment carmin, semblant lutter contre un risque imaginaire, son habileté la rendra finalement supportable jusqu’au terminus d’une reprise individuelle amorale plutôt inattendue rapportée à sa fonction de domestique guettant les fêlures de ses maîtres, en filant la meilleure soumission de façade. Des clochettes égrènent ses contraintes, ramener du fil, des ciseaux, laver le pot, aguicher sans se donner, une volonté de pierre qui grimpe à l’ombre d’un prieuré pour chiens agressifs. Le faux jour exaspère la bourgeoisie qui se meurt lentement en passant ses nerfs sur des serviteurs complaisants et apeurés, comme une meute lâchée après un groupe de sangliers aveuglés par leur condition, happant les derniers morceaux d’humanité que leur laissent des rêves de promotion hiérarchique, en se résignant à ne pas attendre plus, compte tenu de cette lassitude d’être au monde qui s’est si définitivement installée en leur for intérieur. Les conventions relationnelles proprement déposées dans la malle ouverte des éducations antérieures, où un pruneau ne se dérobe point, une fille ne doit se donner trop ouvertement et un employeur ne se conteste jamais, ils avancent dans leur temps en ne se ressemblant guère, les uns les autres, ni de près, ni de loin, dans leurs gestes et intentions, mais demeurent toutefois identiques à eux-mêmes, dans des singularités âprement défendues, la machinerie des habitudes faisant le reste.