Une satire de l'Italie des années 1990

Par cette chronique estivale, Nanni Moretti se ballade de manière nonchalante, d’une part dans les rues de Rome en Vespa, d’autre part dans des îles. Ces traversées de lieux aussi nombreux que déserts offrent autant d’occasion de jeter un regard distant et critique sur ses compatriotes, dont il déplore la pauvreté intellectuelle et l’absence d’engagement. Il y est beaucoup question d’Ulysse, de James Joyce. Il assume son ironie vaniteuse, qu’un sens de l’humour et de l’autodérision aide à faire passer la pilule et invite à réfléchir sur l’état de son pays. Dans un troisième sketch, il est préoccupé par des démangeaisons, dont les diagnostics font craindre le pire, ce que n’aide pas un état hypocondriaque. Mais, de médecin en médecin, la sentence alarmiste du début s’avère être une erreur et la pathologie plutôt bénigne.
Si le politique est ici mis en retrait, bien qu’il soit présent, avec la montée en puissance de M. Silvio Berlusconi, les éléments habituels de la filmographie du cinéaste sont présents, et leur combinaison font mouche.
Ce film me semble important par la critique sociale que le cinéaste fait de son pays, relative au délitement de l’engagement, du déclin intellectuel et culturel dans son pays dans lequel il se trouve condamné à l’errance. La rudesse du propos est agrémentée d’une ironie quasi-perpétuelle et d’une forme de narcissisme tournée en autodérision. Drôle et dérangeant, ce film reste, à mon sens, assez brillant.