Le film démarre burlesque, pétaradant et propose avec efficacité et théâtralité une chronique familiale barrée, rappelant presque les films de Wes Anderson. Chaque comédien (et le casting est très éclectique !) y trouve sa place et s'implique dans son rôle (comme par exemple De Niro, hilarant et Edgar Ramirez) pour donner un ton très plaisant à l'ensemble. La mise en scène est fluide, classique mais sans pour autant être dépourvu de style, et au rythme survolté.
Mais l'objet de l'intrigue se fait petit à petit sentir, et là commencent les problèmes.
Si j'avais été indisposé par la première partie, j'aurai dit que la présentation de cette famille dysfonctionnelle était bien trop longue et que l'intrigue réelle du film venait bien trop tard.
Or je suis de ceux qui préfèrent la première et qui n'étaient, de base, pas très inspirés par l'intrigue officielle. C'est pourquoi à mon sens elle arrive presque trop vite.
Le film se transforme donc progressivement, mais sans réellement imposer son changement de sujet (ce qui est pendant une grosse demie heure assez frustrant ; dans quel registre sommes nous ?), et se dessine petit à petit en une chronique du monde des affaires et du travail aux Etats-Unis dans les 70's. Le constat social est réussi ; le capitalisme qui s'impose petit à petit, l'économie liée à la pub et à la télévision, la place encore trop minoritaire de la femme, etc.
Mais l'intrigue utilisée pour proposer ce constat paraît si anecdotique qu'elle fait perdre de son ampleur au sujet. Il est certes difficile de s’intéresser à la vie d'une femme qui a voulu proposer au monde son prototype de balais, non ?
Heureusement le film n'est pas que cela et est, outre le constat social évoqué plus haut, une jolie déclaration d'amour à la femme, que j'allais presque décrire virile, qu'incarne efficacement mais sans pour autant nous estomaquer, Jennifer Lawrence, tout de même convaincante. Le récit est pourtant un peu naïf (quoique tiré d'une histoire vraie) et s'approche même à certains moments (notamment dans son final évoquant la famille) d'un conte de noël, non sans qualités mais qui fait parfois gentiment sourire, chronique pas si corrosive que ça sur un monde du travail un peu trop idéalisé.
La mise en scène reste efficace, réservant parfois quelques moments stylisés, grâce aux couleurs de pellicule proches de ces années là et aux lumières, le tout enrobé dans un bande son rythmée et joviale.
Mais cela ne parvient pas totalement à sauver cette success story qui nous livre quelques fois à l'ennui et ne laissera pas souvenir indélébile dans nos mémoires, alors qu'un tel récit aurait pu/du mériter un meilleur résultat...

Créée

le 6 févr. 2016

Critique lue 312 fois

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Charles Dubois

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