Je vais ici dévoiler une scène clé du film, sa scène clé. Le film regorge de moments sublimes, magnifiés par cette actrice monumentale qu'est Jennifer Lauwrence, mais je vais résumer ma critique à son climax, parce qu'il résume bien tout le film.


Je tremble de frisson et de tristesse amère à chaque fois que je repense à cette scène dans la chambre d'hôtel, ce moment où Joy à tout perdu, où elle n'a plus aucun soutien, où elle est ruinée et c'est à ce moment précis que son père décide de l'achever, de lui donner le coup de grâce et de lui renvoyer au centuple toute son envie et sa joie dissimulée de la voir se louper. De lui révéler en plein visage son sexisme latent, de lui cracher au visage toute la petitesse de sa personne et tout ce qu'il ne voyait pas en elle. Pour finir par prouver qu'il n'attendait rien d'elle, et que le monde l'a bien prouvé en la recadrant à sa place. Je me suis senti extrêmement mal pour Joy. Je me suis senti extrêmement mal pour moi-même, parce que ce sentiment là, d'infantilisation et de découragement, je l'ai entendu souvent aussi. Et cette scène a raisonnée en moi d'une façon absolument brutale et froide, elle m'a clouée à mon siège. J'en pouvais plus, j'étais à bout de souffle, comme Joy. Et que décide-t-elle de faire, moi qui me serait effondré et qui aurait hurlé à l'injustice ? Elle a passé sa nuit suivante à relire son contrat, à déceler la petite erreur et à découvert le pot aux roses. Elle a vu qu'elle s'est fait escroquée et qu'elle tient au final celui qui lui a tout pris par les bourses.


Ce revirement, c'est ce moment magique qui résume tout un film, toute une œuvre incroyable d'émotions et de tensions pour voir Joy réussir à commercialiser l'objet qui facilitera la vie des femmes: son balai essoreur. Et qui va la renvoyer dans les cordes à chaque fois, et qu'elle devra convaincre à chaque instant ? Des hommes. Qui la supportera tout le temps, et l'encouragera aveuglément ? Sa grand-mère. Une femme. Mais ne vous inquiétez pas, il y a sa demi-sœur, dégoulinante de jalousie au point de tout faire capoter (in)consciemment. Et bien sur, son père, joué par un Robert De Niro qui retrouve un jeu d'acteur qu'on ne lui connaissait plus. Un père qui a abandonné sa famille pour une autre femme, qui revient comme un cheveu sur la soupe, qui n'est qu'un poids et qui sera, par le fruit du hasard, celui qui trouve la personne qui aidera sa fille. Cruel destin de voir être celui qui vous a aidé initialement finir en votre fossoyeur.


Cette famille, elle est incroyablement humaine. Chaque personnage frôle la caricature, mais retombe à chaque fois sur ces pieds par une direction d'acteurs rarement aussi bonne. David O Russel sublime le jeu de ces acteurs par sa réalisation, il les sublimes, les soutient et est entièrement dédié à l'émotion. Pas d'idée visuelle ou de composition de plan recherché ici, on suit les acteurs, on capte leur jeu et on rend palpable les personnages. C'est un cinéma que j'apprécie quand les acteurs sont au rendez-vous, ils le sont.


Jennifer Lawrence. Cette nana est déjà en train de devenir l'une des plus grandes actrices d'Hollywood. La nouvelle Meryl Streep. 25 ans et déjà une maturité dans son jeu a faire pâlir des Nicole Kidman et Naomi Watts (et dieu sait que j'adore Naomi Watts). Sincèrement, je vois en elle un truc incroyable, de ces actrices de l'ancien Hollywood, les Katharine Hepburn, Elizabeth Taylor, etc... Elle a cette âme dans son jeu, sa présence, qui rend instantanément toutes ses interprétations incroyables. Elle règne déjà sur le cinéma américain, faute de concurrence. Elle est impressionnante tout simplement. Elle mérite tellement son second Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle.

Yellocrock
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le 5 janv. 2016

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