Quand la déglingue tue la déglingue

Alors que certains se sont précipités dans les salles pour retrouver le quatuor O’Russell/Lawrence/De Niro/Cooper for the very third time ; d’autres ont choisi d’y aller histoire de ne pas avoir fait le déplacement jusqu’au cinéma pour rien (après cette terrible déclaration : « The Big Short complet !! »). Ce qui fut le cas de votre fidèle serviteur, vous vous en doutez.


Joy (Jennifer Lawrence) est une jeune mère de famille qui vit en collocation avec sa mère (Virginia Madsen) passionnée par un feuilleton à l’eau de rose, son ex-mari (Edgar Ramirez) chanteur, son père (Robert De Niro) qui habitent avec eux à temps partiel, et ses deux enfants bien évidemment. Destinée à un avoir un grand avenir d’inventeur, la jeune femme a du abandonner ses rêves pour s’occuper de sa famille de psychopathes incapable de communiquer sans drames et hurlements. Mais lorsque Joy se retrouve les mains ensanglantées et le crâne prêt à exploser sa vie va enfin changer, guidée par l’invention d’un super balai. C’est entre cris, téléachat, fausses joies et petites victoires que l’avenir de la future business woman se construira.


Nous ne pourrons parler de déception, puisque comme expliqué plus haut Joy était loin d’être la top priority de notre film list 2015. Cependant, nous ne parlerons pas de révélation.


Avec une mise-en-scène (trop) dynamique, le film réussi à proposer quelques processus intéressants – notamment avec les scènes du feuilleton – mais est malheureusement victime de son énergie exacerbée. Les séquences s’enchaînent à un rythme qui laisse perplexe dans un fouillis de flashbacks et de voix-off de gentille mamie. La narrativité du film se construit scène par scène sans que l’on ressente un réel fil conducteur entre celles-ci ; ainsi le spectateur passe d’un « tableau » à un autre de façon souvent brutale sans forcément toujours comprendre immédiatement de quel moment de vie il s’agit.


Au même titre que la mise-en-scène, le scénario n’est pas dénué d’intérêt, mais la toute puissance des disputes familiales incessantes finissent par brouiller la linéarité de l’histoire. Bien que l’on comprenne qu’il s’agisse d’une manière d’immerger le spectateur dans la vie déglinguée et hachée de l’héroïne, force est de constater que la mission est légèrement trop réussie car l’on fini par être aussi, voir plus, fatigué que Joy elle-même. Quant au concept de rêve américain, il est bien est palpable (forcément quand on invoque le téléachat et le « parti de rien »), mais victime du montage et de la mise-en-scène, tous les moments d’envolées lyriques passent à la trappe et seul reste le côté froid et peu sexy du business à l’américaine.


Les acteurs quant à eux sont happés dans ce tourbillon de léger n’importe quoi et livrent de bonnes performances sans pour autant donner envie de se rouler par terre. Cooper et De Niro sont présents plus pour la forme qu’autre chose et Lawrence se débat plutôt bien au milieu de tout ça. Plus convaincante dans le rôle de femme forte que dans celui de mère de famille, la jeune actrice nous offre quelques beaux moments (surtout quand elle apparaît seule à l’écran) et fait de son personnage quelqu’un d’attachant sans créer une empathie jésuesque malgré tout.


Pour conclure, Joy est loin d’être particulièrement joyeux. Une expérience que vous pourrez tenter, parce que vous connaissez la devise de Bizard Bizard « il faut laisser la chance aux chansons », mais vous dormirez sur vos deux oreilles si vous vous en passez.


L’avis de Bizard Bizard : allez-y au pas.


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Bizard_Bizard
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le 7 janv. 2016

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