Jules et Jim. Deux artistes liés par une camaraderie presque gamine, malgré la trentaine, voient leur complicité fragilisée par l’arrivée dans leur vie d’une femme aux lèvres enivrantes leur rappelant celles d’un célèbre buste hellénique. Une fille au tempérament adolescent, aux humeurs et aux comportements imprévisibles. Les deux sont charmés et la pérennité de leur amitié passera par un ménage à trois où s’entremêleront fraternité et passion. L’estime inconditionnelle que se porte Jules et Jim confronté à l’amour partagé que ressent Catherine pour ses deux potes, ainsi que d’autres amants, nous amène à réfléchir sur un phénomène qui battra son plein au fil des années 60 : l’amour libre. Mais dans l’œuvre de Truffaut, ce qui devrait être normalement une source de plaisir s’avère plutôt une arme égratigneuse pour l’âme. Lorsque Jim le réalise et qu’il fait part à Catherine qu’il rentrera dans les rangs en épousant Gilberte, c’est toute une génération qu’il offense et on lui fera payer tragiquement cet affront. Je ne saurais dire où se positionnait le réalisateur des 400 coups vis-à-vis l’allègement des mœurs matrimoniaux, mais il va de soi que son cinéma s’inscrivait dans une remise en question sociétale tant par le propos que par la forme. Pour Jules et Jim, il pousse plus loin l’utilisation d’une nouvelle grammaire cinématographique : Narration, freeze frame, plans en mitraille d’un même sujet, etc. Cela crée un effet de distanciation qui vient couvrir le jeu médiocre des comédiens si on fait exception des quelques moments de grâce de Jeanne Moreau.

Elg
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le 29 janv. 2020

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